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DROIT 13 octobre 2020

ASBL culturelles : des quotas pour atteindre la parité ?

Théâtres, écoles de danse ou écoles d’art, les ASBL culturelles sont très largement dirigées par des hommes. Si les arts de la scène comptent beaucoup plus de femmes, la parité est loin d’être atteinte. Outil nécessaire d’un côté et contrainte de l’autre, les quotas divisent le milieu mais s’installent dans l’agenda gouvernemental.

Le 5 octobre, les structures Écarlate la Compagnie, La Chaufferie, l’Université de Liège et le théâtre La Bellone ont présenté une étude intitulée "La deuxième scène" sur les inégalités hommes/femmes dans les arts de la scène. Les femmes qualifiées représentent 50 à 70% des professionnels des milieux artistiques, mais les chiffres stagnent ou s’aggravent. Actuellement, seul 33% des directeurs de théâtre sont des femmes. Si les quotas sont souvent présentés comme liberticides et contraignants, ils apparaissent ainsi comme de plus en plus nécessaires.  

Femmes et ASBL culturelles : une sous-représentation teintée de conservatisme 

L’étude le montre très clairement : les femmes sont très peu directrices, et quand elles le sont, elles sont plus à même de gérer des petites structures ou des institutions pour enfants. De l’autre côté, les hommes bénéficient des plus grosses subventions, et représentent 84% des directeurs d’école d’art, même si les femmes qualifiées sont plus nombreuses dans le domaine. 

Si certaines femmes sont aussi conservatrices vis-à-vis des quotas, la résistance vient principalement des hommes qui ne souhaitent pas forcément être bousculés dans leurs privilèges. Les arguments sont nombreux : besoin de liberté, projets féminins pas toujours ambitieux... Les préjugés sont ancrés, et le sexisme bien installé. Monica Gomes, directrice du théâtre La Balsamine à Bruxelles, en a fait l’expérience pendant plusieurs années. Partageant auparavant son poste avec un co-directeur, elle témoigne sur le plateau de Mont des Arts “Dans tous les entretiens qu’on pouvait avoir avec d’autres collègues, forcément on ne s’adressait pas à moi directement on s’adressait d’abord à lui”.  

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Quotas : un outil nécessaire ?  

Face à un système discriminatoire qui ne se corrige pas tout seul, les quotas apparaissent comme la solution nécessaire. “Osons admettre aujourd’hui que le problème est systémique et que nous échouons collectivement. Car l’admettre, c’est reconnaître que nous avons besoin de quotas, sans passer nécessairement par une culpabilité mal placée.”, écrit la metteuse en scène Elsa Chêne sur son site Internet. Pour la professionnelle, l’outil peut être provisoire le temps de corriger les biais sexistes et racistes, mais ne peut plus être écarté.  

Mylène Lauzon, directrice du théâtre La Bellone, et Cora-Line Lefèvre, productrice de spectacles, réfléchissent elles aussi aux modalités des quotas. Pour des résultats efficaces, ils doivent être directement implantés à hauteur de 50/50. Pour la directrice Monica Gomes, ils devraient même être envisagés de manière proportionnelle, pouvant donc aller jusqu’à 70% pour être véritablement représentatifs.  

Invitée au cercle de rencontre “Pouvoirs et dérives” au théâtre La Bellone, la ministre de la Culture Bénédicte Linard a annoncé qu’elle présenterait un décret sur le sujet en novembre.  

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Une mise en place contraignante ?  

Les quatre professionnelles font toutes le même constat : les quotas se heurtent encore à une certaine résistance. Pourtant, comme le rappelle Monica Gomes, les directeurs de théâtre font déjà ce travail de sélection : que ce soit pour équilibrer les domaines (danse, théâtre, performance...) ou le degré d’ancienneté (artiste expérimenté ou émergent), la liberté de programmation n’est jamais totale. “Quoi de plus étrange que d’invoquer la « liberté de choisir », si cela revient à choisir uniquement parmi ce qui est « déjà-là » et immédiatement « visible » ?”, interroge Elsa Chêne dans son article.  

Repoussant l’argument de la contrainte, les quatre professionnelles espèrent ainsi éveiller les consciences sur les inégalités criantes au sein des arts de la scène et donc dans de nombreuses ASBL culturelles. Même si les quotas ne sont pas parfaits, il devient impossible de les ignorer dans un milieu bien loin d’être représentatif.