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Comment une ASBL peut financer elle-même ses activités ?

Dans l’ère post-COVID, et à l’aune des réductions de subsides, il convient aux gestionnaires d’ASBL de garder en tête que les recettes propres constituent souvent la première source de financement d’une ASBL. Mais autofinancement ne rime pas forcément avec endettement ou investissement. Avec Chloé Overlau, co-fondatrice de SINGA Belgique et accompagnatrice stratégique pour petites et moyennes associations, MonASBL.be revient sur les différentes sources de financement qui s’offrent aujourd’hui aux associations, au-delà des subventions et soutiens publics.

Même si l’ASBL n’exige aucun capital minimum de départ, le financement de ses activités est un enjeu central avant même qu’elle ne soit officiellement constituée. 

D’emblée, Chloé Overlau souligne l’importance de diversifier ses sources de financement. "Cela peut être très chronophage, mais développer et élargir ses sources de financement permet de réduire sa dépendance à un bailleur de fonds. Et donc, de réduire très fortement le risque de devoir fermer un jour l’association, ou d’être contraint de réduire son activité faute de moyens financiers. En parallèle, cette diversification permet également de développer la notoriété de l’association et son réseau."

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Récolter des fonds 

À différencier des subventions publiques, les soutiens, dons et legs de particuliers, de fondations et de sociétés sont un des piliers du financement de nombreuses associations. Elles peuvent se répartir comme suit : 

  • les cotisations des membres, avec en sous-texte la fidélisation et développement d’une communauté, si le projet de votre ASBL le permet. 
  • tombolas et galas. Parfois sous-estimés, ces événements peuvent constituer de belles levées de fonds pour les associations. Pour Chloé Overlau, "un concert ou une conférence portée par une célébrité sensible à la cause défendue par votre association permet d’élargir votre public."
  • collecte de fonds traditionnelles.
  • crowdfundings et crowdlendings ponctuels ou continus, à l’aide de plateformes dédiées. Dans ce cas, il convient d’identifier les outils les plus adéquats pour votre association, que ce soit en termes de plateformes ou de stratégie. La gestion et la réussite d’une campagne de crowdfunding demande une préparation minutieuse et un suivi régulier, ainsi qu’un effort de communication conséquent. Certains outils comme l’application Better permettent cependant, avec un investissement moindre, de mettre en relation votre association avec des donateurs potentiels, et ce de manière continue. 
  • le street fundraising et le prélèvement automatique : une technique utilisée régulièrement par les très grandes associations comme WWF, MSF, etc. Prudence tout de même, souligne Chloé Overlau, ce démarchage demande un investissement important et reste l’apanage d’un petit nombre d’associations. 
  • Dons et legs financiers : par exemple au travers de dons déductibles à 45% pour les ASBL agréées par le SPF Finances (bien que ce pourcentage soit la cible du nouveau gouvernement) ou de legs testamentaires. Dans ce cadre, la plateforme testament.be permet de mettre en liens donateurs potentiels et associations, au travers d’un service déjà bien établi. 

Au delà du volet financier, de nombreux soutiens possibles

"Quand on parle d’autofinancement, on oublie souvent que cela peut aussi passer par une réduction des coûts", souligne Chloé Overlau. "Et c’est là que le mécénat de produits ou le mécénat de compétences intervient. Si l’on doit régulièrement faire appel aux services d’un avocat, il est peut-être par exemple intéressant de s’associer avec un cabinet pour bénéficier de ce service de manière offerte ? L’idée n’est pas d’aller directement chercher du financement, mais en tout cas de réduire les coûts." 

  • Mécénat de produit : besoin de repeindre vos bureaux, ou de matériel à destination de vos usagers. Une PME locale sera peut-être intéressée de s’associer avec vous pour bénéficier d’une visibilité, en échange de quelques pots de peinture. Ou un brasseur en recherche de notoriété vous offrira peut-être les boissons d’un de vos prochains événements ? En parallèle, des initiatives plus larges existent, comme le projet porté par l’ASBL Goods to Give, qui collecte des produits neufs non alimentaires auprès des entreprises pour les proposer aux ASBL partenaires. 
  • Mécénat de compétences : on l’a dit plus tôt, vous pouvez - à l’aide de votre réseau - faire appel à des prestataires qui vous apporteront leur expertise à titre gracieux. Prométhéa propose un annuaire, et le réseau de votre ASBL est à nouveau un vivier de talents dans lequel il ne faut pas hésiter à puiser. 
  • Volontariat et bénévolat restent, encore aujourd’hui, une part importante de la réduction des coûts pour une association. Les solliciter pour des missions spécifiques est également un moyen de réduire vos dépenses, tout en bénéficiant de leur expertise et de leur bonne volonté.

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Votre ASBL peut offrir des biens et des services

On le sait, depuis la réforme du code des sociétés et des associations, les ASBL peuvent exercer des activités commerciales, sous quelques limites. Ces activités permettent, entre autres, de développer la notoriété de votre association tout en générant des recettes, à l’instar des bougies Amnesty, ou – dans un registre plus en lien direct avec le but de l’ASBL – des biscuits de la ferme Nos Pilifs. 

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Mais au-delà de ces ventes de biens, Chloé Overlau insiste également sur la possibilité de vendre les services et compétences de l’association

Ainsi, vous pouvez proposer à des entreprises ou à d’autres associations vos services, ou vos biens si vous en êtes propriétaires. Par exemple : 

  • Location de vos bureaux inoccupés
  • Location de votre matériel lorsque celui-ci n’est pas utilisé
  • Détachement de vos collaborateurs dans le cadre de formation en entreprise 

Dans tous ces cas, votre association pourra générer des recettes, sans pour autant sortir de son giron d’activité. 

Autofinancement : se poser les bonnes questions

Vouloir diversifier ses sources de financement, c’est également l’occasion pour les ASBL d’une introspection, voire pour Chloé Overlau d’un réel "pas de côté". Pour l’accompagnatrice de projets, "vouloir s’autofinancer, c’est aussi réfléchir à ce que nous accomplissons déjà au quotidien mais qui pourrait être monétisé. Qu’est ce qui fait sens pour nous en tant qu’ASBL, et qu’est-ce qui nous éloigne de notre activité ?"

L’autre volet important de cette réflexion est évidemment le temps qui peut être investi, et son coût tant humain que financier. Des coûts qui peuvent être directs (investissements, création de produits, gestion d’événements) ou indirects (temps salarial investi, préparation, charge de travail, …) et impacter significativement le retour sur investissement de votre projet. 

"Dans le cas de Singa, nous avons ainsi mis de côté un projet car les processus de création, d’encadrement et de communication aux entreprises étaient, après calculs et projections, trop importants pour que l’activité développée ait une réelle rentabilité."

Cohérence, réflexion et questionnement sont les maîtres mots lorsque vous envisagez ces manières de générer des ressources propres

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