La députée Sihame El Kaouakibi et son ASBL Let’s Go Urban sont dans le collimateur de la justice. Les accusations sont lourdes : des soupçons de malversations et de détournement de subsides. On parle notamment de la « disparition » de près de 450.000 euros de subventions octroyés par la ville d’Anvers. Et ce ne serait que la pointe de l’iceberg…
L’histoire de cette ASBL avait pourtant bien commencé. Fondée il y a une dizaine d’années, la structure avait gagné en notoriété, grâce à son travail mené auprès de la jeunesse défavorisée d’Anvers. Elle était devenue, au fil des ans, un exemple en Flandre dans le combat contre les inégalités sociales. Un statut privilégié qui lui avait permis de séduire les donateurs privés mais également de recevoir des subsides substantiels de la part de nombreux niveaux politiques : la ville d'Anvers mais également la province anversoise, la police anversoise, la Région flamande et le gouvernement fédéral.
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Des transferts d’argent douteux…
Les ennuis de la désormais ancienne membre de l’Open Vld ont commencé au début de cette année avec la démission de trois administrateurs indépendants de son ASBL Let’s Go Urban. Ils ont dénoncé une comptabilité obscure et notamment des transferts de fonds de l’ASBL vers des sociétés au nom de Sihame El Kaouakibi. Ensuite, début février, un audit indépendant est venu confirmer les doutes, mettant en lumière des transferts d’argent pour le moins hasardeux au sein de l’association. Ce rapport d’audit a enclenché l’ouverture de deux enquêtes judiciaires.
L’ASBL Let’s Go Urban a alors été placée sous la responsabilité d’une administratrice provisoire qui a remis, au tribunal de l’entreprise, un rapport accablant concernant la gestion. Il y est notamment question de fausses factures visant à maquiller le détournement de subsides pour un enrichissement personnel. « La Région flamande enquête sur ce qu’il est advenu des fonds alloués, tandis que la ministre fédérale de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) a demandé à l’Inspection spéciale des impôts de faire de même pour les subsides du Plan Canal », a dévoilé le journal L’Echo. De plus, Le conseil communal d’Anvers a assigné à comparaître tous les anciens membres du conseil d’administration de Let’s Go Urban. Cela pourrait permettre à la Ville de Bart De Wever de récupérer de l’argent auprès d’eux, écrit la Gazet van Antwerpen.
Début juin, Le tribunal de l'entreprise a déclaré Let's Go Urban en faillite. L’organisation à but non lucratif de Sihame El Kaouakibi a actuellement une dette de 220.000 euros et quelque chose de 600 euros sur le compte. Une dette qui pourrait augmenter si les gouvernements exigent le remboursement de leurs subventions à l’ASBL Let’s Go Urban.
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