Clément Éboué est un ancien footballeur professionnel qui officie comme directeur de la Golden Sports Agency, agence qui « accompagne et gère les sportifs professionnels », rapporte La Capitale qui soulève l’affaire. Il gère également la Bruxelles Football Académie, une ASBL dont seraient sortis « huit joueurs professionnels » qui, selon le quotidien, n’existent pas. Ce qui intéresse la justice, c’est que Clément Éboué aurait reçu 500.000 euros en trois ans d’un investisseur, avant de les transférer du compte de son ASBL vers…ceux de ses enfants.
De plus selon Sudpresse, l’ASBL ne serait « qu’une boîte aux lettres ». L’investisseur a déposé plainte auprès des autorités judiciaires françaises, ne voyant pas la promesse de remboursement avec retour sur investissement se concrétiser. Clément Éboué était interrogé ce vendredi par le juge d’instruction.
Un intérêt personnel dans les ASBL
Fabian Warzée, avocat spécialisé dans le droit des sociétés et des associations pour le cabinet Everest, juge que les fraudes dans les ASBL sont en majorité dues aux intérêts personnels. "Dans les dossiers que j’ai traités, on retrouve souvent cela. La faute n’incombe pas toujours à toute l’équipe, mais se concentre parfois sur une seule personne", explique-t-il.
L’appât du gain pour l’investisseur
Comment cet avocat explique-t-il qu’un seul investisseur ait pu mettre autant d’argent dans une ASBL qui serait finalement une simple boîte aux lettres ? Ne couvrant pas l’affaire précise de Clément Eboué, il nous répond selon son expérience. "Dans le monde associatif comme dans le monde marchand, la logique est la même ici : l’idée est de convaincre un investisseur de son projet. Un dossier simple a souvent pour effet de convaincre après plusieurs réunions."
Selon lui, il est même très fréquent que "des personnes haut placées dont on n’attendrait pas un tel comportement se fassent avoir." Les personnes qui consultent des avocats spécialisés dans le droit des sociétés pour ce genre de litige "ont bien souvent déjà des suspicions. Généralement, c’est parce qu’elles n’obtiennent pas le paiement des intérêts suite à leur investissement, soit parce que le projet n’est pas développé ou ne correspond pas du tout à leurs attentes", continue Fabian Warzée. Il ajoute qu’en tant qu’avocat, "on repère très vite qu’il y a un couac : on voit par exemple que c’est peu probable que tel partenaire ait signé. Un taux d’intérêt bas et un faible retour sont en général davantage synonymes d’un bon projet fait par des gens fiables" plutôt qu’un projet offrant des taux d’intérêt exorbitant.
Il conclut : "Les investisseurs sont tellement intéressés par l’appât du gain, ils se jettent la plupart du temps sur des projets quand ils voient des mensualités fréquentes, qu’ils en oublient la sécurité."