20% des ASBL de sport sont en difficulté importante de trésorerie, assure Serge Mathonet, directeur de l'Association Interfédérale du Sport Francophone (AISF). Une situation critique, d’autant plus que la loi sur les 500 euros défiscalisés vient d’être annulée par la Cour constitutionnelle. « En termes de timing, c’est très dur », déplore Serge Mathonet. « 70% des « usagers » de cette loi étaient des personnes du secteur du sport. Le plafond du volontariat est vite dépassé dans notre secteur. C’est de nouveau un coup de massue. On pourrait imaginer une réécriture complète de la loi, qu’elle s’adresse principalement au secteur du sport ! »
En effet, cette loi - très contestée - a été créée en 2018 pour répondre à une demande du secteur sportif, notamment pour fixer les sort arbitre et entraineur officiant très souvent sous le statut de bénévole. Dans ce secteur, le plafond avait d’ailleurs été relevé à 1.000€ par mois.
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Des mesures insuffisantes
Un fonds d’urgence de 50 millions d’euros, un assouplissement des règles en matière de subsides, des alternatives au remboursement en cas d’annulation d’un événement : les aides sont multiples pour les associations de sport en cette pandémie liée au coronavirus. Des aides multiples, mais insuffisantes aux yeux du directeur de l’AISF. « Rien de clair n’est décidé par rapport à la répartition des fonds d’urgence de la Fédération Wallonie-Bruxelles », déplore-t-il. « Au niveau régional, je regrette que les ASBL ne puissent faire appel aux primes. »
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Déconfinement : de nombreuses questions
A contrario, « il y a quand même un effort au niveau de l’ADEPS de maintenir certaines subventions aux centres sportifs. Au niveau du déconfinement, la ministre Valérie Glatigny nous a permis d’organiser une vidéoconférence avec deux membres du groupe des experts stratégiques. Nous avons ainsi pu poser nos questions. » Peu de réponses concrètes ont toutefois été apportées. « Le 4 mai, on peut à nouveau jouer au tennis, mais les cafétérias restent fermées. Quid de l’accès au défibrillateur ? Quid de la possibilité de se déplacer pour aller la pêche ? »
Concernant les piscines, Serge Mathonet s’interroge sur la survie du Covid-19 dans l’eau. « Les experts n’ont actuellement pas de réponse là-dessus. Idem pour la manipulation du matériel sportif : quand on fait tomber une haie, une seule personne doit aller la ramasser ? Faut-il la désinfecter ? » En matière de distance sociale, là aussi c’est compliqué : les sportifs brassent un volume d’air plus grand selon lui, si bien que les gouttelettes de coronavirus peuvent être propulsées à 5m de distance. « Pour le golf, pas de problème, mais pour le judo, le basket…ça risque d’être ingérable. »
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Pour Pierre Santoro, gestionnaire des infrastructures au sein de l'ABSL Sport de détente, les mesures restent floues. "Il faudra attendre les différentes propositions des présidents des fédérations sportives pour mettre en place des mesures successives pour arriver à un déconfinement" estime-t-il. Marie-Claude Dupon, la secrétaire de l’ASBL
Marie-Claude Dupon, secrétaire de l’ASBL Sports pour handicapes-Fleurus, a dû tout stopper suite au confinement. "On prône le port du masque et les désinfection, mais je m'occupe surtout j’ai surtout des petits. Je me vois toutefois mal les obliger à se laver les mains régulièrement, ni à garder ces distances ! On attend les conseils de notre fédération."
Ils peuvent garder les cotisations
Une bonne nouvelle toutefois : les ASBL de sport pourront garder les cotisations. « Notre crainte, c’était qu’une partie devait être remboursée », confie-t-il. « Mais on comprend la difficulté des parents aussi. C’est pour ça que les clubs restent libres de rembourser. » Forcément, les ASBL craignent pour la reprise de la saison, les cotisations étant récoltées à la mi-août. »
Serge Mathonet ne s’insurge pas que les secteurs de la santé et que le monde marchand soient plus aidés que les associations. « Ces acteurs sont bien souvent des sponsors de nos clubs », dit-il. « On demande toutefois à ce que l’on ne nous oublie pas. »