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RESSOURCES HUMAINES 7 novembre 2019

Carlo Di Antonio revient sur la polémique de Manger Demain

Carlo Di Antonio revient sur les subventions reçues par la division « Manger Demain » de la Socopro et les personnes qui y travaillent. Le bourgmestre de Dour détaille également les liens entre politiques et ASBL, en reconnaissant que ces figures du pouvoir ont chacun leur vécu qui peut affecter leurs décisions.

Après huit ans passés en tant que ministre wallon, Carlo Di Antonio a repris les rênes du collège communal de Dour en septembre. Récemment, un article de la Libre indiquait que cinq personnes de la division de la Socopro Manger Demain auraient été « recasées », car elles gravitaient autour du ministre sortant. Il répond à nos questions.

Lire aussi : 2,25 millions d'euros octroyés à la division "Manger demain" 

On peut lire dans la Libre que vous avez créé la Socopro ainsi que la division Manger Demain. La députée wallonne Virginie Gonzalez nous a confié que vous pensiez même à créer une ASBL supplémentaire dédiée à cette dernière. Est-ce exact ?

Carlo Di Antonio : "La Socopro existe depuis 2013. Il s’agit d’un regroupement d’une quinzaine d’ASBL qui soutiennent le monde agricole dans différentes filières. J’ai simplement rationnalisé ces associations en une seule structure pour avoir l’avantage d’une masse critique. Je n’en ai jamais été administrateur ni membre. 

Vis-à-vis de la structure Manger Demain, plusieurs options s’offraient au gouvernement en matière de gestion de mission. Pouvait ainsi s’en charger :

  • le secteur des filières agricoles
  • l’Apaq-W
  • l’administration
  • créer une nouvelle ASBL

Virginie Gonzalez, députée wallonne, plaidait pour l’administration. Nous avons préféré opter pour une division de la Socopro, car les engagements dans l’administration prennent du temps, et nous n’y serions toujours pas à l’heure actuelle. Aujourd’hui, la structure fonctionne." 

Lire aussi : Virginie Gonzalez (PS) : "Carlo Di Antonio est parvenu à ses fins" 

Virginie Gonzalez jugeait superflue la somme de 2,25 millions d’euros allouée à cette partie de la Socopro.

"Ce n’est pas moi, mais le gouvernement qui a voté la stratégie Manger Demain ainsi que cette somme d’argent. De plus, tout le monde a voté en ce sens. Les 10 ETP qui y officient sont payées comme s’ils étaient à l’administration. En plus de ces salaires, il faut compter des frais : les kits de base dans les cantines, composés notamment de poubelles de tri et de couverts réutilisables, ou encore des actions de communication."

Comment éviter les conflits d'intérêts lorsqu'un politique aide une structure ?

"Vu le parti d’où je viens, j’ai créé beaucoup d’associations. En tant que politique, soit on vient de nulle part, en commençant à 20 ans dans un ministériel, soit on vient forcément de quelque part : du monde associatif, de l’enseignement ou encore de l’environnement. Dès lors, il est primordial de démissionner de ses mandats d’administrateur. Cela permet aux collègues de son parti d’être attentifs. Mais ça ne règle pas tout. Je venais du secteur musical, j’ai notamment créé le festival de Dour, j’ai demandé en ce sens une lecture attentive de mon projet à mes collègues. Céline Tellier, ministre de l'Environnement wallon par Ecolo et secrétaire générale d'Inter-Environnement Wallonie, devra faire preuve de prudence."

L'aide d'un politique à une ASBL muselle-t-elle celle-ci ?

"Malgré son background, un politique ne peut pas empêcher des associations d’avoir une liberté d’expression. Je me souviens  avoir été principal subsidiant d'Inter-Environnement Wallonie, ce qui ne les a pas empêchés de critiquer ma politique. Si une décision politique fait du tort à la filière bovine, il faut que la Socopro, même subsidiée à 100% par la Région, soit en mesure de réagir."

Lire aussi : Une ASBL subventionnée peut-elle s’exprimer librement ? 

Votre avis sur la déclaration de politique régionale du gouvernement, d'un point de vue associatif ?

"Le gouvernement aurait un intérêt à créer des services communs pour soulager les ASBL. Les associations sont devant une charge administrative trop importante. On devrait l’alléger, même si c’est plus facile à dire qu'à mettre en pratique. Une plateforme d'aide permettrait de réaliser une série de tâches qui ne sont pas dans leur core-business du Non-Marchand. Cela éviterait que les personnes passent leur temps à chercher des subsides alors qu’on leur demande d’être sur le terrain".