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VIE ASSOCIATIVE 30 septembre 2024

La fondatrice de l’ASBL Casa Verde partage son expertise en gestion de projets !

La mission de l’ASBL Casa Verde est double : proposer des animations à destination d’enfants et de familles et former et accompagner structures et professionnels de l’éducation. L’association emploie plusieurs animateurs professionnels sous statut indépendant et quelques bénévoles. Cécile Struyven, sa fondatrice, dispose d’une expertise certaine en gestion de projets et en facilitation, deux compétences qu’elle met à profit dans la gestion journalière de son ASBL. Quels sont les ingrédients d’un projet réussi ? Les erreurs à éviter ? Découvrez ses précieux conseils !

« Je suis un peu à l’image de Mary Poppins : je sors un tas d’outils de mon sac ! »

MonASBL.be : Comment est né le projet de l’ASBL Casa Verde ?

Cécile Struyven : J’ai toujours été passionnée par les questions de l’éducation et de l’environnement. J’ai un bagage certain en gestion du changement et de projets, acquis notamment lorsque je travaillais au sein d’une grosse organisation publique européenne. Par la suite, j’ai vécu une transition professionnelle et ai eu envie de terrain. Je me suis formée, notamment en pédagogie Montessori, puis j’ai expérimenté…

Durant plusieurs années, sous statut d’indépendante, j’ai proposé des animations dans les bois à un public d’enfants. J’ai pu expérimenter, développer des projets d’animation portés par une pédagogie qui sort du cadre habituellement rencontré à l’école. Par la suite, j’ai eu envie d’accompagner les autres professionnels du secteur qui voulaient proposer ce type d’animations. C’est alors que j’ai créé l’ASBL. Le but ? Permettre à plus d’enfants de bénéficier des atouts des apprentissages en pleine nature et contribuer à l’évolution du système éducatif.

MonASBL.be : Qu’est-ce qu’être facilitatrice et comment cela vous aide au quotidien dans la gestion journalière de votre ASBL ?

Cécile Struyven : La facilitatrice est celle qui permet que les choses se réalisent, mais sans être celle qui porte et apporte le savoir. Par exemple, lors d’accompagnements professionnels, les professionnels ont le savoir. Je leur permets d’arriver là où ils souhaitent arriver. Être facilitatrice, c’est opter pour une posture qui se situe entre la formatrice et la coach. Je suis un peu à l’image de Mary Poppins : je sors un tas d’outils de mon sac, parfois des choses un peu farfelues, mais qui viennent au bon moment !

Concrètement, au niveau de la gestion journalière de l’ASBL, c’est très aidant. Nous sommes une petite ASBL qui n’est pas subsidiée et nous avons fait le choix de rémunérer les animateurs en tant qu’indépendants, plutôt que de fonctionner avec du bénévolat. Nous avons de temps en temps quelques bénévoles, mais surtout pour le soin aux animaux de la ferme pédagogique. Aussi, il est important que l’ASBL tourne correctement, afin que les activités aient lieu dans de bonnes conditions et que les animateurs soient payés.

Mes compétences de facilitatrice me permettent de cerner les forces de chacun, les talents et passions que chacun peut apporter au sein du projet, la façon dont les animateurs peuvent prendre leur place dans la structure. Je suis garante de la vision de l’ASBL, c’est mon rôle en tant que responsable, mais au sein de cette vision, je tiens à faire une place aux particularités. Les animateurs doivent pouvoir partager des choses qui les font vibrer, car ainsi, ils entrent dans une dynamique positive, à la fois avec les enfants, mais aussi entre eux. Cette posture me permet également de savoir ce que je peux attendre de chacun, y compris au niveau de tâches administratives et organisationnelles. Nous sommes dans une dynamique où chacun fait évoluer la structure, une gestion circulaire, qui tend vers la sociocratie, domaine dans lequel je me suis formée.

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« Rejeter le formel, c’est oublier les choses qui ancrent le projet »

MonASBL.be : Vous avez une solide expérience en gestion de projets. Quels sont, selon vous, les ingrédients d’un projet réussi ?

Cécile Struyven : C’est important d’avoir une vision, d’être au clair avec la philosophie de ce qu’on veut faire. Il faut aussi savoir ce dont on a besoin concrètement pour arriver à cette vision, quels types de projets on veut mettre en place et quelle gouvernance on veut adopter, comment on s’approprie ce qui est proposé par les statuts. Bien entendu, il faut avoir un planning et un système de comptabilité, même simplifié, ou en tout cas se faire aider si on n’en a pas les compétences.

Tout comme au niveau de l’aspect réglementation : il faut connaître les réglementations liées à son projet, aux ASBL, etc. Prendre du recul est capital, à divers moments. J’aime cette idée de « zoom in - zoom out ». Maintenir une régularité dans les organes d’administration aide à cela, les autres administrateurs sont garants de la vision de l’ASBL.

Enfin, cela aide d’avoir une visibilité sur les parties prenantes internes et externes, ainsi que sur leurs compétences et les liens entre elles : administrateurs, volontaires, participants, partenaires, membres de réseaux, etc. Personnellement, j’aime mettre tout cela par écrit et c’est ce que je recommande.

MonASBL.be : A l’inverse, quels sont, selon vous, les erreurs à éviter en termes de gestion de projet ?

Cécile Struyven : Je dirais d’être trop dans l’informel. Dans les domaines de l’associatif et de l’éducation, un grand écueil est ce rejet du formel, au prétexte de faire passer l’humain d’abord. Or, rejeter le formel, c’est oublier les choses qui ancrent le projet : les conventions qui posent un cadre sécurisant, la compta qui permet de garder le cap, etc.

A court terme, cela ne se remarque peut-être pas toujours, mais à long terme, c’est courir le risque de l’épuisement, d’une mauvaise organisation, de projets qui ne fonctionnent pas ou plus. Pour moi, même si les rapports humains peuvent être très informels et fluides, il ne faut pas oublier le formel et les responsabilités de chacun, car toutes les parties prenantes en ont. Le risque, à long terme, est de bousculer les points d’ancrage, ce qui nuit non seulement au projet, mais aussi à l’humain.

Pour moi, une des difficultés dans les projets de type ASBL, c’est l’épuisement au nom de beaux idéaux. Je relève ce défi avec plaisir, car je suis convaincue que c’est possible de travailler dans ce type de projet sans s’épuiser. D’autres écueils sont de l’ordre de la mauvaise anticipation, d’une communication peu claire, mais aussi de trop peu de flexibilité. Avoir un planning, c’est bien, mais il faut rester souple et s’adapter aux circonstances. Une mauvaise gestion comptable aussi, car cela entraîne souvent trop de bénévolat, menant à l’épuisement.

« C’est également devenu un modèle qui s’exporte ! »

MonASBL.be : Pouvez-vous nous parler d’un projet mené par Casa Verde et qui est, selon vous, réussi ?

Cécile Struyven : Le projet  « Copains des bois » : il s’agit d’une tribu d’enfants qui vont en forêt selon une périodicité variable en fonction des éditions. C’est un peu un modèle d’école de la forêt. Le projet est réussi dans le sens où il y a un engagement des parents à participer, mais aussi dans l’appui logistique, et une confiance dans notre cadre. C’est également devenu un modèle qui s’exporte, car aujourd’hui, il y a une formation pour les professionnels : l’académie Copains des bois.

Propos recueillis par MF - travailleuse sociale au sein d’une ASBL

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