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VIE ASSOCIATIVE 10 août 2021

Les ASBL se reconstruisent après les inondations : "On ne peut pas attendre les assurances"

Les ASBL touchées par les inondations du mois de juillet arrivent au bout du nettoyage. Pour les plus impactées, il est maintenant urgent de reconstruire. Témoignages.

« Nous commençons déjà à reconstruire sans attendre le financement de l’assurance. On ne peut pas attendre ». Depuis les inondations du mois de juillet, les 15 enfants - de 3 à 18 ans - pris en charge par l’ASBL l'Edelweiss, un Service Résidentiel Général (SRG) à Chaudfontaine, sont hébergés dans une maison de repos. Une solution qui ne peut pas s’éterniser. « Les enfants se partagent quelque 60 / 70 m² et dorment sur des lits de camps », raconte Michel Vandevenne, directeur de l’ASBL.

L’homme nous explique avoir reçu des dizaines de propositions de la part de particuliers ou d’institutions dans toute la Wallonie pour héberger les enfants. Problème : « Ces lieux se trouvaient dans d’autres communes, ils auraient perdu contact avec la famille, avec leurs activités... On ne peut pas les déraciner ». Michel Vandevenne a également refusé d’éclater le groupe : « Nos placements durent parfois très longtemps, un des enfants est là depuis 14 ans. On ne peut pas les répartir dans tous les coins de la Communauté française ».

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Des structures à reconstruire

L’objectif est donc que les enfants puissent retrouver leur chambre dès le mois de septembre. Même si tout ne sera pas encore reconstruit d’ici là. « Notre maison a été balayée sous une vague de trois mètres de haut. Tout ce qu’on a à reconstruire, c’est un combat gigantesque ! Il faut faire le carrelage, le plafonnage, une porte coupe-feu, une cuisine de collectivité... », explique le directeur de L'Edelweiss. Un sinistre estimé à près de 500.000€ au total. En attendant que tous les espaces de vie soient reconstruits (salon, salle à manger...), des modules vont être installés. « Ce sont comme des conteneurs maritimes aménagés ».

Du côté de l’ASBL Maison Marie-Louise, à Verviers, l’ampleur des dégâts est colossale. « On n’est pas loin des 2,5 millions d’euros au total. On est assuré correctement, mais on craint que ça ne puisse pas tout couvrir », témoigne le directeur Égide Forthomme. Sur les 20 maisons gérées par l’ASBL, 18 ont été touchées par les inondations. Très vite, l’ASBL a pu reloger les résidents dont les logements ont été endommagés. La plupart des ménages sont d’ores et déjà rentrés chez eux. En revanche, les bureaux de la maison d’accueil pour les hommes ont été totalement détruits. « Une vague est arrivée par l’arrière du bâtiment. Elle a emporté des remorques et des voitures sur son passage qui ont servi de béliers ».

Des documents perdus

Au-delà des bâtiments à reconstruire, les deux ASBL ont surtout perdu les documents permettant la gestion de leurs activités. « Nous avons eu la visite de l’inspection comptable et pédagogique pour acter que tout avait été détruit. Si on me demande de montrer une pièce comptable de 2021 il n’y a plus rien... Seul le bilan 2020 a été récupéré. Pour le projet pédagogique, l’administration va nous envoyer une copie mais sinon on part d’une page blanche », explique Michel Vandevenne.

L’ASBL Maison Marie-Louise quant à elle ne sait toujours pas si les données stockées sur le serveur et le boitier de sauvegarde vont pouvoir être récupérées. « En attendant on continue à faire le suivi des familles avec la formule papier », raconte Égide Forthomme.

La générosité et la solidarité

À côté de ce triste bilan, les organisations interrogées par MonASBL.be soulignent surtout la générosité et la solidarité dont elles ont bénéficié. « Nous avons eu une aide gigantesque des particuliers et ce, dès le lendemain. Nous avons eu également l’intervention de l’armée. L’organisation a été exceptionnelle », raconte Marc Lepinois, président de l’ASBL Une main tendue à Namur. Aujourd’hui, l’ASBL peut enfin voir le carrelage de la cuisine où pas moins de 80cm d’eau s’étaient introduits. « Le plus dur c’était de voir qu’on ne pouvait pas avancer et de devoir travailler dans ces conditions ». En effet, malgré les intempéries, l’ASBL n’a jamais cessé de distribuer les colis alimentaires. « Tous les jours des camionnettes viennent nous livrer et on fait des sacs pour aller donner ».

À Chaudfontaine, l’ASBL L'Edelweiss a vu débarquer jusqu’à 50 volontaires un samedi. « Nous avons eu des propositions de toute la Belgique ». Une aide précieuse qui a permis d’évacuer pas moins de « 400m³ de mobilier que toute l’eau avait apporté ».

Même son de cloche du côté de la Maison Marie-Louise. « Dès les premiers jours on a eu plus de 2.000 heures par des bénévoles. En 10 jours on a évacué tout ce qui était détruit dans la cave, les rez-de-chaussée et on a nettoyé les bureaux. Les bénévoles nous ont permis de rebondir. Ensuite, nous avons également fait un appel aux dons », raconte Égide Forthomme. Par ailleurs, l’ASBL devrait pouvoir bientôt rouvrir sa cuisine communautaire grâce à du matériel seconde main.

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La réponse politique

Au niveau politique, des ministres de tutelle ont pu constater les dégâts directement. La ministre Christie Morreale est allée à la Maison Marie-Louise, à Verviers. « Elle a pu voir l’ampleur. Elle attend que l’analyse soit finie pour accorder un soutien qui consiste en une avance sur les assurances et des fonds structurels européens pour rénover des infrastructures », explique Égide Forthomme qui a également introduit une demande auprès du ministre Collignon.

À Chaudfontaine, c’est la ministre Valérie Glatigny qui s’est rendue auprès de l’ASBL l'Edelweiss qu’elle a accepté de soutenir. La reconstruction va aussi nécessiter du personnel supplémentaire pour assurer le suivi des activités. « J’ai interpellé la ministre pour avoir un subside facultatif afin d’engager du personnel d’entretien et éducateur en plus. Si on ne l’obtient pas, il faudra chercher du financement ailleurs », conclut Michel Vandevenne.

Caroline Bordecq