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FINANCEMENT 23 janvier 2024

Elections 2024 : les vœux de l’ASBL Tremplins pour les prochaines législatures

2024 sera une année électorale en Belgique. Dans ce contexte, MonASBL.be et le Guide Social souhaitent être un porte-voix des ASBL, moteur essentiel de notre société. Pour cet épisode, MonASBL.be s’est entretenu avec l’association Tremplins, organisatrice du Festival Bruxelles Babel.  

Mettre sur pied un festival par et pour les jeunes, c’est le défi que relève tous les ans, depuis 1985, l’ASBL Tremplins avec son Festival Bruxelles Babel. L’événement étant né à l’initiative de la Cocof, l’association composée de quatre travailleur-euses permanent.e.s est encore très dépendante des subventions publiques. Son directeur, Thierry Leroy, nous partage ses revendications pour les élections de 2024. 

"Il y a des idées très généreuses qui sont parfois extrêmement difficiles à mettre en pratique"

MonASBL.be : Qu’est-ce que vous attendez des différentes politiques pour les années à venir ? 

Thierry Leroy : Je trouve que le terrain pourrait être davantage consulté pour établir les décrets qui révisent les subventionnements.  

Dans le socioculturel, on a le même problème que dans l’enseignement : ce sont souvent des expert.e.s qui pensent les choses sans forcément entrer en réflexion sur les remontées qui viennent du terrain. Résultat : il y a des idées très généreuses, très belles, qui sont parfois extrêmement difficiles à mettre en pratique. Et finalement, ces bonnes intentions deviennent des obstacles pour justifier que les directives ont bien été suivies dans les rapports d’activité. Si les directives incluaient davantage l’avis des intéressé.e.s, elles seraient sans doute plus réalisables et s’exprimeraient de façon plus limpide. 

Je vous donne deux exemples : la consultation du terrain a été très forte dans le processus de refonte du décret de la cohésion sociale, alors que pour celui sur les centres culturels on a eu l’impression que c’était un document qui tombait sur la figure des intéressé.e.s, de manière un peu verticale et inattendue. Le secteur aimerait que les exemples vertueux soient contagieux. 

Aussi, j’observe qu’au moment de la demande du subside et du justificatif, le contact humain s’amenuise de plus en plus. Au début de ma carrière, il y a trente ans, quand on rendait un rapport on avait toujours un rendez-vous avec notre représentant.e de l’instance. Ce qui disparait de plus en plus.  

MonASBL.be : Pourquoi ce contact est-il important ? 

Thierry Leroy : Parce qu’on ne peut pas tout dire dans les rapports. Et, parallèlement, ces derniers sont souvent très copieux et difficiles à digérer pour les décideurs.  

Pour les subventions pluriannuelles, on a généralement un rendez-vous au moment du renouvellement. Alors que si on avait un rendez-vous annuel, ça permettrait de rectifier le tir, d’avoir des conseils pour réorienter l’action. 

"Ici, on ne demande pas d'argent en plus mais de l'avoir à temps"

MonASBL.be : Selon vous, quelles mesures doivent absolument être prises pour soutenir le secteur associatif ?  

Thierry Leroy : En Fédération Wallonie-Bruxelles, il existe le Fonds écureuil [une mesure destinée à anticiper le versement de la première tranche d’une subvention, NDLR] et je pense qu’il faudrait l’élargir à tout le secteur socioculturel. C’est bien implanté en Fédération Wallonie-Bruxelles, mais ce n’est pas le cas dans les régions bruxelloise et wallonne. 

Je pense que ce serait une avancée. Ici, on ne demande pas d’argent en plus mais de l’avoir à temps pour nous éviter parfois de demander un crédit pont qui nous coûte de l’argent. 

Lire aussi : Comment avancer un subside qui traine à arriver ?

Dans un autre ordre idée, quand nous recevons un subside pluriannuel qui a la chance d’être indexé, au moment de le renouveler on retourne au montant de départ. Je comprends parfaitement la logique, car repartir du montant indexé constituerait de facto une sorte d’augmentation du budget, mais les dépenses indexées, comme les salaires par exemple, le restent. Et c’est à l’ASBL de trouver un produit pour maintenir cet index obligatoire.  

"En étant très subventionné on est strictement dépendant des pouvoirs publics"

MonASBL.be : Votre ASBL est fortement dépendante des subsides publics, quels sont les enjeux liés ? 

Thierry Leroy : Je suis très mal placé pour me plaindre. Mais finalement, en étant très subventionné on est strictement dépendant des pouvoirs publics : une élimination d’un subside ponctuel, c’est un trou d’office ; un défaut de subside, c’est un déficit instantané.

Lire aussi : Recourir ou renoncer aux subsides ? Témoignages croisés de deux ASBL

Inversement, si on anticipe des retards de subsides en se dégageant des réserves dans un bilan – pour éviter d’avoir recours à un crédit pont – ça peut être un frein pour une subvention. À projet équivalent, le responsable chargé d’examiner les dossiers sera tenter de subsidier l’association qui n'a pas de réserve, et vous dira d’utiliser la vôtre pour financer le projet.

Des structures qui sont bien en place ont souvent un peu de mal à se renouveler ou à se développer car la seule marge de manœuvre possible c’est souvent d’obtenir un subside supplémentaire, puisque la gratuité des activités dans le secteur de l’aide à la jeunesse est nécessaire pour éviter les discriminations. 

MonASBL.be : Pourriez-vous nous donner trois vœux pour les prochaines législatures ? 

Thierry Leroy : Je demanderais une généralisation du Fonds écureuil pour le secteur socioculturel ; puis, en cas de subsides pluriannuels, de redémarrer systématiquement les planchers de subsides au montant indexé de la fin de la période ; et enfin, une justification des subsides qui passerait davantage par un rapport détaillant le respect du cahier des charges et des comptes, plutôt qu’un ensemble de pièces détaillées justifiant chaque dépense. 

Et pour aller plus loin :