En Wallonie ainsi qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, les autorités politiques ont annoncé des coupes budgétaires conséquentes, réduisant les subsides octroyés aux associations. Du côté bruxellois, l’immobilisme politique lié à l'absence de gouvernement paralyse les décisions, retarde les financements et fragilise le tissu associatif. Dans ce climat de flottement et de tensions budgétaires, beaucoup d’ASBL doivent composer avec des incertitudes majeures.
Période souvent plus calme, l’été permet de réfléchir à long terme, d’expérimenter de nouvelles idées et de réévaluer le fonctionnement économique de son ASBL.
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Pourquoi repenser son modèle économique ?
1. Limiter la dépendance à un seul bailleur de fonds
Mettre tous ses œufs dans le même panier financier peut fragiliser l’association. En cas de changement de cap politique ou de retrait d’un subside, c’est tout l’équilibre qui peut être menacé.
2. Réagir aux évolutions du contexte socio-économique
Inflation, modifications des critères d’octroi, nouvelles attentes des donateurs ou mécènes : adapter son modèle devient une nécessité.
3. Donner de la souplesse à l’action
Un financement diversifié permet d’avoir plus de liberté pour tester des projets pilotes, répondre à des urgences, ou renforcer son ancrage territorial.
Comment amorcer la réflexion ?
Et si vous profitiez de l’été pour réfléchir à l’avenir de votre association ? MonASBL.be vous suggère plusieurs pistes concrètes à explorer.
1. Faire l’état des lieux
Prenez le temps d’analyser les ressources actuelles :
- Quelles sont vos sources de revenus ?
- Quel pourcentage provient des subsides, de la vente de services, de dons, de cotisations… ?
- Quels sont les postes les plus vulnérables ?
2. (Re)penser son business plan associatif
Trop souvent négligé, le business plan associatif est pourtant une pièce maîtresse pour assurer la viabilité du projet. En effet, il formalise le modèle socio-économique de votre association : quelles sont vos activités, vos besoins, vos publics, vos valeurs, vos risques ? Il propose aussi un plan financier prévisionnel.
Le business plan associatif ne s’adresse pas seulement aux bailleurs de fonds : il est aussi un outil de mobilisation interne (bénévoles, membres), de prise de décision (pour les administrateurs) et de réflexion stratégique en cas de réorientation nécessaire.
Le business plan est à construire dès la création de l’ASBL, mais il doit aussi être réactualisé à chaque tournant majeur : perte de subvention, développement d’un nouveau service, changement d’échelle, digitalisation…
Vous ne disposez pas d'un mode d'emploi pour votre business plan associatif ? MonASBL.be vous propose une méthode de construction par 16 étapes !
3. Trouver de l’argent autrement : misez sur l’autofinancement
Pas (ou peu) de subsides ? Il est temps d’élargir vos sources de financement. Ventes, services, partenariats, récoltes de fonds : les recettes propres peuvent représenter une vraie bouée de secours.
Dans cet article, MonASBL.be a compilé des pistes concrètes pour diversifier vos financements sans mettre en péril votre équilibre.
Développer une activité marchande au service d’un projet non marchand
Si les ressources publiques deviennent incertaines, pourquoi ne pas explorer une voie souvent négligée : le développement d’une activité économique au service du projet social ?
De nombreuses structures – y compris dans des univers inattendus comme les communautés religieuses (Orval, Chimay…) – ont fait ce choix stratégique : créer une activité marchande bien pensée, professionnelle et rentable, dans le seul but de financer une mission non marchande. Un modèle qui a fait ses preuves et qui peut inspirer le secteur associatif !
Depuis l’entrée en vigueur du Code des sociétés et des associations (CSA), les ASBL peuvent légalement exercer toutes les formes d’activités économiques, à condition que leurs profits ne soient pas redistribués à leurs membres ou administrateurs, mais bien réinjectés dans leur objet désintéressé. En d’autres mots : le profit est autorisé, sa distribution ne l’est pas. Il est donc tout à fait possible, pour une ASBL, de développer un service payant ou une activité génératrice de revenus (brocante, boutique en ligne, café associatif, édition…) à condition que cela alimente sa mission sociale ou culturelle.
Pour tout comprendre des conditions légales et des opportunités liées à cette piste, rendez-vous sur cet article !
4. Sponsoring ou mécénat : deux pistes à explorer quand les subsides manquent
Face aux incertitudes budgétaires, les associations se tournent de plus en plus vers les entreprises marchandes. Sponsoring ou mécénat : ces deux formes de soutien peuvent donner un vrai coup de pouce… à condition d’en comprendre les différences et les implications.
Accord commercial ou don désintéressé ? Contreparties, fiscalité, image : MonASBL.be fait le point pour vous aider à choisir la voie la plus adaptée à votre projet.
5. Lancer un crowdfunding : un coup de pouce ponctuel (à bien préparer)
Le crowdfunding – ou financement participatif – peut représenter une solution ponctuelle efficace pour financer un besoin précis : achat de matériel, lancement d’un nouveau service, aménagement d’un local, réponse à une urgence… ou même pour compenser une perte temporaire de subsides.
Mais attention : une campagne réussie demande de la préparation, du temps et de la stratégie. Elle ne remplace pas un modèle économique structuré, mais peut constituer un tremplin provisoire, utile pour mobiliser une communauté autour d’un projet concret.
Retour d’expérience : les recettes de l’ASBL Cassonade
En 2024, l’association Cassonade a récolté 12.000 € pour financer sa nouvelle cuisine. Voici quelques tuyaux d'un de ses administrateurs, Roger Dushime :
- Construisez votre histoire
- Mobilisez vos proches d’abord
- Soignez les contreparties
- Investissez-vous personnellement
- Voyez au-delà de la collecte
Pour en savoir + : Réussir son crowdfunding : conseils et tuyaux de l’ASBL Cassonade
6. Un financement plus durable passe aussi par de bons partenariats
Dans un contexte de baisse ou de gel des subsides, le partenariat avec une entreprise locale, une fondation ou bien encore une autre association devient une ressource économique à part entière pour les ASBL.
Encore faut-il pouvoir convaincre. Et cela passe, avant tout, par un dossier de partenariat solide et bien structuré.
Un bon dossier de partenariat, c’est notamment :
- une description précise du projet à soutenir,
- une explication transparente des besoins et du budget,
- une mise en avant des avantages du partenariat,
- et une mise en forme professionnelle.
Ce document, bien plus qu’un outil de demande, est aussi un levier stratégique : il vous force à clarifier votre positionnement, à quantifier vos besoins et à valoriser vos forces. Il est donc précieux dans toute réflexion visant à réorganiser ou diversifier son modèle économique. Pour maximiser vos chances, adaptez votre discours à chaque partenaire, documentez-vous sur leurs attentes et anticipez les objections. Un bon dossier ne se contente pas de séduire : il inspire confiance et donne envie d’agir à vos côtés.
Pour un guide pas à pas et de nombreux exemples concrets, consultez notre article : Nos conseils pour rédiger un bon dossier de partenariat pour son ASBL.
Et ensuite ? Passer de la réflexion à l’action
Cette prise de recul estivale peut déboucher sur :
- La rédaction ou mise à jour d’un business plan structurant
- Un plan d’action économique pour la rentrée
- La constitution d’un groupe de travail interne sur la diversification des revenus
- L’exploration de nouvelles pistes de financement
L’objectif n’est pas de tout chambouler, mais de renforcer ce qui fonctionne déjà… et d’oser penser hors des sentiers battus.