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VIE ASSOCIATIVE 20 mai 2021

Les ASBL sportives se préparent pour l’été  : « On a peur de faire tout ça pour rien »

Alors que les protocoles d’été ne sont pas encore connus, les associations sportives commencent à préparer la saison. Entre l’enthousiasme du public et des mesures parfois peu adaptées au terrain, des ASBL sportives font un bilan de la situation. 

« Le plus gros challenge, c’est de gérer les délais laissés par les gouvernements. Les décisions prises ne sont jamais pérennes », témoigne Karl Toussaint, directeur de l’ASBL Agisca (Association de gestion des infrastructures sportives et culturelles de la commune d'Aywaille). Il se souvient notamment de la décision de dernière minute autorisant l’ouverture des piscines le 1er décembre 2020. « On a rouvert qu’au début du mois suivant car on ne pouvait pas être prêts tout de suite. Si on avait su avant, on aurait pu s’organiser pour rouvrir plus tôt »

À la veille des vacances d’été, les responsables des ASBL sportives avancent encore dans l’incertitude. « On doit faire les inscriptions maintenant sans connaitre les protocoles et en espérant que ce soient les mêmes que Pâques », confie Karl Toussaint. « Les stages devraient pouvoir se faire en indoor cet été. On organise comme si tout allait se faire normalement mais ça va dépendre du gouvernement de la province, de la commune... On a peur de faire tout ça pour rien », explique à son tour Thierry Biron, président de l’Association Namuroise des Clubs de Volley-ball. 

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Et si le président préfère rester prudent, c’est que depuis un an et demi rien n’est jamais sûr. « Le plus démoralisant ce sont les protocoles. Entre le moment où on l’annonce et le moment où il entre en vigueur il y a toujours des modifications. Prenez par exemple le protocole en outdoor, ils ont interdit les matchs amicaux même au sein d’un même club ». Une décision d’autant plus difficile à accepter que selon Thierry Biron « le plus compliqué aujourd’hui c’est le fait de ne pas voir les affiliés, le manque de liens sociaux. Et les matchs créent ces liens ». 

Hugues Grégoire, fondateur de l’ASBL Sport & Education, a également décidé de lancer l’organisation des activités estivales, même s’il ne sait pas encore à quelle sauce ils seront mangés. « Je suis assez optimiste, je ne vois pas venir le pire scénario. De plus, on s’est tellement embêté avec les bulles que maintenant tout nous semble facile. ».  

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Des décisions difficilement applicables sur le terrain 

Ces embêtements dont il parle n’ont pas été des moindres depuis le début de la pandémie en mars 2020. Il a fallu jongler avec les mesures et protocoles pas toujours réalisables sur le terrain, nous confient certains responsables d’ASBL. « Les moins de 12 ans ont toujours pu jouer, eux n’avaient pas de problème. Le problème c’était pour les moins de 18 ans qui pouvaient s’entrainer mais par bulle de 4 personnes alors que le volley se joue par équipe de 6... », raconte Thierry Biron. 

Puis il a fallu s’adapter aux mesures qui ont changé en cours d’année. « En janvier on a pu rouvrir mais avec des bulles limitées à 10, ce qui n’était pas le cas en octobre », se souvient Karl Toussaint. Ainsi, les ASBL ont dû jouer des tours afin de ne pas laisser des enfants de côté. Dans la même période, le gouvernement a fortement suggéré aux familles de se limiter à une activité par enfant. « Ça s’est donc en partie réglé tout seul : des groupes ont fondu et il a seulement fallu faire quelques switchs ».  

Parallèlement aux questions d’organisation, le directeur d’Agisca soulève un autre problème. Bien sûr, il faut que les associations intègrent les règles au fur et à mesure des protocoles, mais il faut également que les bonnes informations arrivent au public. « Il y a encore des gens qui nous sonnent en demandant quand la piscine rouvre alors que c’est le cas depuis janvier ». Karl Toussaint évoque aussi certaines difficultés pour les équipes de faire respecter les mesures au sein des infrastructures. « Au lieu de nettoyer et/ou de surveiller il faut faire la police ». Agisca a finalement mis en place une politique d’interdiction d’accès aux personnes qui ne respectent pas les mesures. « Pour soutenir le personnel dans l’application du protocole mais aussi car en cas de contrôle on peut avoir une amende ou une interdiction de pratiquer »

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« On essuie les pertes de l’année dernière » 

Mais au-delà des quelques récalcitrants, les ASBL constatent surtout un fort enthousiasme de la part du public de retrouver leurs espaces sportifs. « Depuis la réouverture on a eu plus de demandes que d’habitude alors qu’on avait prévu une diminution. La grande majorité du public est satisfaite de pouvoir nager », analyse Karl Toussaint. « On commence tous à sortir le bec de l’eau et les parents sont réceptifs », constate également Hugues Grégoire. Ainsi, depuis septembre l’ASBL Sport & Education a pu travailler sans jamais s’arrêter. Et elle n’a pas vu ses chiffres baisser. « On compense les trous de l’année passée même si évidemment on y a perdu ». De plus, l’ASBL a pu bénéficier d’une aide de l’ONE et du ministère des sports. « Ce n’était pas énorme mais ça fait quand même plaisir ».  

Quant à l’ASBL Agisca, la pandémie ne l’a pas directement mise en péril puisqu’elle bénéficie d’une dotation communale annuelle pour son fonctionnement. Toutefois, le président de l’association qui met des infrastructures à la disposition des clubs, entre autres, reconnait que ces derniers « sont tous en détresse ».  

En effet, Thierry Biron, président de l’Association Namuroise des Clubs de Volley-ball, dresse un bilan pour le moins sombre : « On n’a rien pu mettre en place car c’est du volley indoor. On a essayé un peu mais à chaque fois qu’on nous ouvrait un peu la porte la semaine d’après on la fermait. On était découragés ». Le club a pu poursuivre les activités avec les moins de 12 ans, mais cela représente moins de 15% de leurs affiliés. « Bien sûr il y a eu moins de coûts car les activités étaient à l’arrêt mais il n’y a pas eu d’entrées d’argent non plus ». Au sein de l’association il n’y a pas de salariés, la plupart passe par du travail associatif. Pour survivre, « chacun a fait avec le matelas qu’il avait pu se constituer ». Bientôt, l’association devrait recevoir une aide de 40€ par affilié.  

Et quant à savoir si le public répondra présent pour la prochaine saison : « La perte des affiliés c’est la grande inconnue... On verra en septembre ! » 

Caroline Bordecq