« Si les résidents venaient à être contaminés la situation serait tout à fait impossible », prévient d’emblée François-Xavier Ullens, président de l’ASBL La Coupole Bruxelloise de l'Autisme.
Pour gérer au mieux la crise sanitaire du coronavirus, le président souhaiterait que les personnes de grande dépendance puissent être testées en priorité. En effet, certains résidents de son centre sont rentrés dans leurs familles après que deux membres du personnel et deux résidents ont commencé à présenter des symptômes suspects. « Mais maintenant qu’on voit que le confinement est plus long que prévu, nous sommes inquiets pour les familles car ce sont des personnes avec des troubles de comportements qui peuvent ressurgir dans des périodes de tension ». Si elles étaient testées, elles pourraient retourner dans le centre.
Le personnel en première ligne
Pendant ce temps, les employés de La Coupole Bruxelloise de l'Autisme poursuivent leurs activités avec toutes les précautions possibles. « On a mis des stations supplémentaires pour se laver les mains en entrant au centre, mais on n’a pas de masques et de gants ». François-Xavier Ullens nous confie que le personnel « est à cran. C’est une situation très stressante ».
Le réseau Abilis compte près de 18 foyers dans toute la Belgique accueillant des personnes déficientes et/ou malades mentales. Très vite, « dès que ça a commencé en Italie » - des mesures ont été mises en place, assure Benoît Duplat, directeur du réseau. « On a adapté les plannings, le personnel travaille de très longues heures (jusqu’à 55h semaine) et la semaine suivante ils ne travaillent pas ou peu », explique-t-il. De cette manière, le réseau constitue « un stock » de personnel si des employés venaient à être contaminés.
Pour le directeur du réseau, « le secret c’est de communiquer et de rester calme. On a un médecin coordinateur qui donne des instructions très claires. Ça rassure les équipes ».
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L’ASBL Transit, qui propose un accueil et un hébergement aux usagers de drogues, a du aussi adapter l’activité de son personnel depuis le début de la crise. « On a réduit les équipes présentes en permanence, on organise une tournante pour qu’ils ne soient pas trop nombreux en même temps », nous explique Bruno Valkeneers, chargé de communication de l’ASBL.
« On a investi dans du matériel de distraction »
Mais là encore, les employés doivent gérer des situations exceptionnelles. « 70% des usagers que nous recevons sont des SDF. C’est une population qui n’a pas l’habitude d’être confinée. Il faut gérer aussi les tensions, l’anxiété », confie le chargé de communication.
La Coupole Bruxelloise de l'Autisme a mis en place des pictogrammes pour expliquer les mesures d’hygiène aux résidents. Mais d’après François-Xavier Ullens, ce qui est « difficile c’est qu’ils comprennent qu’il y a quelque chose qui se passe et ils ne savent pas quoi ».
Du côté des foyers du réseau Abilis, on a investi dans du « matériel de distraction » : des écrans, des tablettes, des jeux, etc. « Cela donne un côté cocooning que les résidents apprécient », assure Benoît Duplat.
« On doit faire preuve de créativité pour adapter les activités »
L’ASBL Transit a commencé très tôt à prendre des mesures pour se protéger face à la propagation de la pandémie. « Comme on n’avait pas de matériel de protection au début on a limité l’accès à nos services », explique Bruno Valkeneers. Aujourd’hui tout a repris sauf la distribution des repas le midi et les douches. « Notre idée c’est de travailler avec des centres médicalisés de manière que les bénéficiaires passent par un premier filtre ».
Pour le reste « on a dû faire preuve d’imagination pour maintenir les activités ». Par exemple, le comptoir de réduction des risques – qui donne accès à du matériel de consommation – est maintenu. « On les accueille via notre SAS, derrière une vitre », précise le chargé de communication. Quant à « la vie associative, les activités communautaires, tout a été annulé».
Un impact financier (encore) limité
Les trois associations que nous avons contactées nous assurent ne pas être inquiètes en ce qui concerne la santé financière de leurs structures. Toutes dépendent de subsides qui sont maintenus.
Toutefois, Bruno Valkeneers ne veut pas crier victoire trop vite. « Faut voir jusqu’où ça nous mène. La crise a un impact économique et comme on dépend de subventions publiques c’est possible qu’on finisse par en subir les conséquences ».