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VIE ASSOCIATIVE 9 septembre 2024 Carte blanche

"Petit bilan de mes dix années de travail au sein d’ASBL"

Voilà maintenant pas loin de 20 ans que je travaille dans le secteur social, dont une dizaine d’années passées au sein d’ASBL. Avec le temps, vient aussi le recul et les inévitables bilans. Qu’est-ce qui m’a marqué, plu, déplu au niveau de mon travail dans l’associatif ?

Le grand écart entre petites et grosses ASBL

Le point le plus marquant pour moi reste l’énorme écart entre les grosses et petites ASBL. Les premières sont connues, établies et bien financées, les conditions de travail y sont bien plus confortables et la sécurité de l’emploi relativement acquise. Au niveau des secondes, c’est une autre paire de manches. Financements aléatoires voire inexistants, du coup, salaires au rabais, sans parler de l'insécurité de l’emploi … Pour avoir connu les deux, je peux dire que l’écart est vertigineux, et qu’il faut avoir le coeur et la motivation bien accrochés pour persévérer en tant qu’employé dans une petite ASBL.

Liberté de mouvement et agilité

Parlant de fonctionnement, un autre point saillant à mes yeux, tant dans les plus grosses que dans les plus petites ASBL reste la relative liberté et marge de manoeuvre de ces structures, si on les compare au secteur public. Il y a une certaine agilité, une liberté d’action et de décision, tant au niveau des objectifs poursuivis que des moyens mis en oeuvre, ou encore du fonctionnement concret. Bien entendu, le fait que l’ASBL soit ou non subventionnée agit sur cette liberté, mais elle reste plus importante que dans le secteur public, où les procédures peuvent être étouffantes.

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Exercer un travail ayant une utilité sociale… mais payé au rabais !

Travailler en ASBL, c’est travailler dans le secteur non-marchand. En d’autres termes, à mes yeux, cela signifie exercer un travail ayant une utilité sociale certaine. Je n’ai quasiment jamais eu l’impression de brasser de l’air… Parfois de me battre contre des moulins à vent, mais c’est autre chose ! Le corollaire au travail dans le secteur non-marchand, c’est un niveau de rémunération très bas, tant ces fonctions essentielles mais non créatrices de valeur marchande sont peu valorisées dans notre société. 

Des conditions de travail pas toujours clean

Travailler en ASBL, c’est parfois, et de plus en plus, vivre dans l’incertitude de la pérennité de son emploi. C’est aussi vivoter de contrats précaires en contrats précaires, de temps partiels en temps partiels, avec parfois des arrangements un peu limite et des conditions de travail pas toujours en adéquation avec la législation. Parce que travailler en ASBL, c’est travailler avec de petits moyens et de grandes ambitions, ça peut aussi être bosser sans (trop) compter ses heures, que ce soit voulu ou non. Travailler en ASBL, c’est parfois travailler dans des lieux où la fin importe plus que les moyens.

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Managements tantôt innovants, tantôt vicieux

Dans la même veine, travailler en ASBL, c’est aussi travailler avec des managements tantôt innovants, des modes de gouvernance partagée, des gestions horizontales, toutes ces expériences que l’on se permet lorsque la rentabilité n’est pas de mise. Ça peut aussi être travailler avec des gestionnaires d’équipe peu compétents et peu formés, dans des ambiances délétères et des cercles vicieux qui s’enlisent dans leur propre bourbier. Ce dernier point n’est pas l’apanage du secteur, mais il est plus fréquent lorsqu’on investit peu dans ses outils humains et que l’on pense que la passion pour son objectif suffit à combler les lacunes.

Travailler avec des volontaires, une richesse incroyable

Travailler en ASBL, c’est souvent travailler avec des volontaires, et c’est sur ce point que je clôturerai mon bilan. De tout ce que j’ai vécu en ASBL, le travail avec des volontaires est certainement ce qui m’a le plus marquée.

Logistiquement, c’est certainement un des aspects les plus complexes à gérer, mais humainement, l’un des plus riches. Ça m’a donné chaud au coeur et foi en l’humanité, de voir ces volontés s’unir, ces personnes offrir de leur temps, de leurs compétences, parfois de leurs ressources dans le seul but d’aider, d’être utiles, de faire leur part. J’y ai vu l’incarnation de la solidarité, de la fraternité, de l’humanité dans leur essence la plus belle et la plus pure. Rien que pour ça, l’expérience vaut le détour.

MF - travailleuse sociale au sein d’une ASBL