Masha a disparu. « Elle nous manque », peut-on lire sur l’annonce publiée par sa propriétaire, Samantha. Grâce aux photos géolocalisées de l’application « Animal Search APP », vous pouvez l’aider à retrouver son chat disparu à Grâce-Hollogne. Cette appli’ permet aux utilisateurs de se contacter entre eux, d’accéder aux coordonnées des vétérinaires, des refuges et des services de voirie situés à proximité de l’endroit où l’animal a été localisé.
Disponible gratuitement afin de fournir aux citoyens un service reconnu d’utilité publique et de qualité, ce dispositif collaboratif est utilisé en 6 langues (français, néerlandais, allemand, anglais, italien et espagnol) sur différentes plateformes de téléchargement, depuis le 18 janvier 2021.
Présentation de l'application lancée par Animal Research
Mon ASBL : L’application est utilisée depuis 20 mois, quel premier bilan pouvez-vous dresser ?
Benjamin Luppolo : L’utilisation de l’application dans sa version gratuite se répand très bien à Bruxelles et en Wallonie. Elle est même utilisée en France et en Allemagne. Lors de la sortie de notre application en janvier 2021, nous avons reçu le soutien de la Ministre wallonne en charge du Bien-être animal, Céline Tellier. En cas de nouvelle catastrophe comme les inondations de 2021, notre application sera utilisée dans le cadre du nouveau plan wallon « Sauvetage animalier » comme Plateforme de centralisation pour la recherche des animaux perdus.
Côté chiffres, durant la première année, l’application a comptabilisé 723 signalements. Depuis le 25 janvier 2022, la plateforme en a déjà recensé 1.641. Ces annonces concernent des animaux domestiques ainsi que des animaux sauvages, de basses cours, et même des animaux aquatiques.
Dans le détail, ce sont les chats sans grande surprise qui arrivent dans le top 3 des animaux les plus recherchés avec 474 signalements en 2021, soit plus de 50% du nombre total de recensements.
Viennent ensuite les chiens avec 216 signalements. L’année 2021 aura également enregistré le signalement de 2 équidés, 4 lapins, 2 furets, 16 oiseaux, 1 poisson, 1 rongeur, 2 bouquetins et 4 animaux de ferme.
Dans la version de 2021, les données ne nous permettent pas d’analyser le nombre d’animaux retrouvés grâce à l’application. Les nouvelles fonctionnalités le permettront pour l’année 2022.
Mon ASBL : L’application a évolué et propose aujourd’hui de nouvelles fonctionnalités. En quoi consistent-elles ?
B.L. : Dans sa version « CLASSIC », l’application propose des fonctionnalités de base : signaler un animal trouvé sur la voie publique ou disparu et consulter les signalements publiés dans une zone délimitée. Les annonces spécifient le type d’animal, son état, sa position grâce à un système de géolocalisation et renseignent les services de proximité.
Depuis le 15 janvier 2022, ces fonctionnalités de base gratuites sont complétées par un pack « PREMIUM » auquel les communes peuvent s’affilier, afin d’en faire bénéficier leurs citoyens. Le pack donne accès à des outils plus poussés tels que des notifications et la signalisation de concordances d’identification entre deux signalements (puce, bague, tatouage et boucle d’oreille).
Avec le pack « PREMIUM », le citoyen peut en effet recevoir des notifications des animaux trouvés qui correspondent au descriptif de l’animal qu’il a signalé comme perdu.
En Région de Bruxelles-Capitale, nous avons conclu un accord avec les 3 principaux refuges animaliers : Help Animals, La Croix Bleue et Veeweyde. Désormais, tout animal entrant dans un de ces refuges fait l’objet d’une annonce introduite dans l’application, si ce dernier ne peut être identifié par les moyens classiques.
Tous les signalements peuvent être partagés sur les Réseaux sociaux. Nous avons des collaborations avec des pages Facebook qui repartagent nos signalements par région.
Mon ASBL : Quels sont les avantages de la nouvelle version de l’application ?
B.J. : Les citoyens des communes affiliées peuvent désormais pré-enregistrer leur animal en complétant une fiche descriptive, en chargeant des photos et en encodant le numéro de puce. En cas de perte, ce pré-enregistrement fera gagner un temps précieux puisqu’il ne restera plus qu’à communiquer le lieu de la disparition. C’est très utile si, malheureusement, vous perdez votre animal de compagnie durant un séjour à la mer du nord, par exemple. Imaginez que le numéro de puce de votre chat soit resté à la maison ou que vous ne disposiez pas de sa photo dans votre téléphone…
Autre avantage : les citoyens peuvent accéder à un point « info » dans lequel l’administration communale fournit un répertoire comprenant les coordonnées et les infos utiles des services de proximité (vétérinaire communal, service du bien-être animal, les services de police, les pompiers, refuge pour les animaux sauvages, etc.). Ce répertoire permet aux citoyens de contacter directement le service de leur choix par téléphone. Ce système fonctionne avec la géolocalisation.
Au-delà d’intégrer la version de base et de nouvelles fonctionnalités, le pack « PREMIUM » offre également la possibilité de créer un compte ORGANISATION. Pour les vétérinaires et les refuges, la création d’un compte ORGANISATION est 100% gratuite. Qu’ils n'hésitent surtout pas à nous contacter ! Nous avons déjà pu nouer de belles collaborations.
Mon ASBL : Dans quelles communes la version « PREMIUM » est-elle déjà disponible ?
B.J. : Le pack « PREMIUM » est déjà utilisé dans certaines communes bruxelloises. Nous avons rencontré les Echevins du Bien-être animal de 17 communes sur les 19 que compte la Région de Bruxelles-Capitale pour leur présenter l’application et les avantages du pack « PREMIUM ».
Certaines communes comme Auderghem, Etterbeek et Ganshoren ont adopté la nouvelle version. D’autres villes et communes suivront dont, tout prochainement, la Ville de Bruxelles.
Pour développer ce pack « PREMIUM », nous avons eu la chance de pouvoir compter sur le soutien de la Région bruxelloise et de son Ministre en charge du Bien-être animal, Monsieur Bernard Clerfayt.
Côté wallon, plusieurs communes ont marqué leur intérêt comme Charleroi, Courcelles, Wavre, Braine-le-Château, Braine L’Alleud, Flemalle, Verviers. A Seraing, le projet est en cours de finalisation et nous sommes toujours en discussion avec la Ville de Liège.
Les conseils d'Animal Research pour créer une application pour son ASBL
Mon ASBL : Si une association souhaite lancer une application, à quoi doit-elle faire attention en priorité ?
B.J. : Je dirais que la première condition, avant de se lancer dans cette aventure, c’est d’avoir des moyens financiers. Développer une application, c’est très coûteux. Nous avons financé « Animal Search APP » entièrement sur fonds propres. Le montant de l’investissement s’est élevé ente 15.000 et 20.000€ pour la version de base.
L’autre condition, c’est de trouver un bon développeur. Je suis allé en voir plusieurs avec un cahier des charges sous le bras. Les devis que j’ai reçus variaient à plus ou moins 60.000 euros HTVA pour la version de base. J’ai ensuite rencontré un jeune développeur qui travaille comme freelance et nous avons décidé d’entamer l’aventure avec lui.
Si nous avions dû financer l’application avec les fonctionnalités qu’elle présente aujourd’hui, cela aurait été impayable. Par essence, une application est amenée à évoluer en permanence. Dans les prochaines mises à jour, on intégrera d’ailleurs la reconnaissance faciale ainsi qu’un tchat interne.
Mon ASBL : Combien de temps a-t-il fallu pour développer l’application ?
B.J. : En dehors de la période durant laquelle nous avons imaginé le projet et consacré du temps à la recherche de fonds, il a fallu 6 mois pour développer l’application. Cette période comprend la phase test qui a mobilisé une trentaine de participants.
Mon ASBL : Comment fait-on la promotion d’une application ?
B.J. : C’est très compliqué. Il faut mouiller sa chemise, comme on dit. La première année, nous nous sommes vraiment concentrés sur le développement de l’application et les corrections nécessaires. Nous avons reçu deux subventions de la Région wallonne, la première pour ajouter des fonctionnalités et la seconde pour acheter un stand de présentation multimédia. Ensuite, nous avons obtenu une subvention de la Région Bruxelles-Capitale pour financer le PACK « PREMIUM » et entre autres l’impression d’affiches à destination des vétérinaires. En parallèle, nous avons créé une page Facebook et organisé deux conférences de presse qui nous ont permis d’avoir de belles retombées médiatiques.
Nous avons gagné un concours NRJ qui nous a permis de passer en radio durant une dizaine de jours. C’était un très beau coup de pouce. Mais de manière générale, c’est compliqué de se faire connaitre. La publicité payante est fort onéreuse.
Propos recueillis par Lina Fiandaca