Organiser un festival entièrement sans électricité, c’est le défi que se sont lancés quelques jeunes bénévoles en 2005 avec le festival L’Amour en Vers. Dix-sept ans plus tard, le projet perdure. Désormais, ce n’est plus l’ASBL « L’R de rien » qui l’organise mais le Collectif MJ Verte. Un projet qui réunit les Maisons de Jeunes (MJ) et le Centre Culturel du Brabant wallon (CCBW).
Lire aussi : Comment rendre votre événement d’ASBL éco-responsable ?
Mais dans l’esprit rien n’a changé : l’objectif est toujours d’organiser un festival écocitoyen, sans électricité. Comment s’y prendre concrètement ? Nous avons demandé à deux des organisatrices de l’événement, Sandra Marchal, directrice de la MJ de Wavre, et Jessica De Pelsmaeker, chargée de projet au sein du CCBW, de partager leurs précieux conseils pour ce nouvel épisode des ASBL inspirantes.
Les conseils de l'ASBL pour organiser un événement sans électricité !
1. Trouver un lieu adapté...
La toute première étape pour organiser un festival comme celui-ci, c’est de trouver un lieu adapté. L’objectif étant de « laisser le lieu dans le même état que celui dans lequel qu’il a été trouvé », explique Sandra Marchal. Le collectif est donc attentif à ne pas choisir un terrain trop grand qui nécessiterait l’utilisation de grues ou de quads pour déplacer le matériel. Ou bien un terrain non adapté sur lequel il faudrait réaliser des aménagements.
Ensuite, l’organisation d’un festival sans électricité implique des concerts et activités sans amplificateurs de son. « Le site doit permettre une certaine acoustique. Si on choisit une prairie au bord d’une route, il y a peu de chance qu’on entende le concert », continue Sandra Marchal.
Pour trouver la perle rare, les organisateur-rices peuvent se tourner vers leurs connaissances. Pendant quelques années, L’Amour en Vers a été organisé à Tilly : « Une collègue connaissait le terrain qui appartenait à un privé et le propriétaire a accepté qu’on s’y installe jusqu’à ce qu’il décide de vendre », raconte la directrice de la MJ de Wavre.
Quant au site actuel, le château de Walhain, « une collègue avait déjà organisé des festivals là-bas donc on savait que c’était possible. En plus, il est au centre du village donc les locaux peuvent même venir à pied ou à vélo », ajoute Jessica De Pelsmaeker.
2. ... s’adapter au lieu
Un lieu adapté c’est aussi un lieu dans lequel on doit pouvoir se fondre, explique la chargée de projets. En effet, les organisateur-trices vont adapter la position de la scène, du bar, ou encore les activités en fonction de l’endroit et de ses exigences. Encore une fois, l’objectif est d’utiliser « le site tel qu’il est, sans faire de changement », continue-t-elle.
Pour optimiser l’espace et obtenir le meilleur son possible sans amplificateur, le collectif peut compter sur des musicien.nes qui travaillent dans les maisons de jeunes. « Ils ou elles viennent voir le site et expérimentent », expliquent Sandra Marchal. Et de continuer : « Nous procédons par essai-erreur : on tente, on évalue et on améliore l’année suivante ».
Un conseil : il est préférable de ne pas mettre le bar trop proche du lieu des animations et du concert acoustique.
3. Bien délimiter ce qu’on veut faire
Une chose importante lorsqu’on organise un événement alternatif de ce genre est de bien définir dès le début ses objectifs, insiste Sandra Marchal. Et de faire preuve de transparence.
Ainsi, pour remplacer les lumières électriques, le festival L’Amour en Vers a recours à des lanternes et fait un grand feu dans la soirée. Un élément qui est immédiatement mis sur la table avec les propriétaires des lieux, explique Jessica De Pelsmaeker. Ensuite, il faut obtenir l’autorisation de la commune et en discuter avec les pompiers. « Il faut délimiter comment le feu va être circonscrit, son emplacement, la distance à laquelle le public doit se tenir, etc. », continue-t-elle.
Lire aussi : Quelles autorisations sont nécessaires pour organiser un événement ?
Les choses doivent également être claires avec les artistes et intervenant.es. « C’est parfois compliqué de faire comprendre aux musicien.nes que le concert est totalement acoustique. Certain.es essaient d’avoir un ampli, mais il faut être stricte », conseille Sandra Marchal.
Les artistes ne sont d’ailleurs pas les seul.es à sortir de leur zone de confort dans ce genre d’événement. « Le public, habitué à des sonos fortes, parle dans tous les sens et, alcool aidant, de plus en plus fort. Ce n’est pas toujours évident de devoir demander de s’éloigner du concert pour discuter », continue la directrice.
4. Opter pour un évènement à petite échelle
Le secret, selon les organisatrices, pour organiser un événement sans électricité de qualité, c’est de faire les choses à petite échelle. Tout d’abord « pour préserver le site mais aussi se respecter nous-mêmes », explique Sandra Marchal.
En effet, dans le cas du Festival L’Amour en Vers, l’organisation est assurée par un groupe de six ou sept personnes qui se rencontrent une fois par semaine entre octobre et mai, qui ne sont pas des spécialistes de l’événementiel et pour qui le festival est un projet parmi les autres. Ainsi, l’événement doit rester à la hauteur de leur temps et de leurs compétences.
L’Amour en Vers a donc décidé de limiter à un public de 500 personnes présentes en même temps sur le site. « C’est aussi mieux pour l’acoustique car plus on est éloigné, moins on entend », précise Jessica De Pelsmaeker. Le festival ne met pas en place de système de comptage, mais « ça se régule assez naturellement », continue la chargée de projet.
5. Avancer étape par étape
Réduire l’ampleur de l’événement est aussi une façon d’avancer étape par étape. Lorsqu’on organise un festival écoresponsable, « il ne faut pas essayer d’être directement 100% cohérent dans toutes les facettes de l’événement », suggère Jessica De Pelsmaeker.
Les organisatrices évoquent certains « nœuds » qu’elles ne parviennent pas à résoudre, comme celui de la mobilité. « Cela fait des années que nous réfléchissons à réduire l’essence mais nous n’y arrivons pas. Avec l’organisation et le jour J, cela fait beaucoup d’aller-retours avec des équipes qui viennent de partout », explique Sandra Marchal.
6. De la créativité et de la débrouille
Enfin, organiser un festival sans électricité c’est surtout faire preuve de créativité et de débrouille. Dès que la nuit tombe, une équipe d’allumeurs de bougies et de lanternes s’activent pour éclairer le site. « Nous regroupons aussi le public autour d’une petite zone », précise Jessica De Pelsmaeker.
Il y a également le recours aux toilettes sèches, ou encore à des bassines de glaçons pour remplacer les réfrigérateurs. Pour les décorations, le festival n’utilise que du matériel recyclé.
L’organisation d’un tel événement coûte beaucoup moins cher qu’un festival traditionnel, assure Sandra Marchal. « Sur L’Amour en Vers nous avons environ 500 personnes, un bar et aucune location, seulement des prêts », explique-t-elle. De plus, le festival peut compter sur la solidarité des musicien.nes « qui acceptent des défraiements qu’ils refuseraient ailleurs », assure la directrice. Mais aussi de la part des MJ entre elles et de la commune. « Cette année la province ne nous a pas prêté de tonnelle donc on a pris toutes celles qui étaient disponibles dans les MJ et celles de la ville de Walhain », conclut-elle.
Caroline Bordecq
Découvrez la série sur les ASBL inspirantes :
- Animal Research - Comment créer une application pour son ASBL ?
- Pink Ribbon - Récolter des dons avec un défi sportif
- Trempoline - Comment veiller au bien-être des travailleurs ?
- Les Petits Riens - Découvrez ses secrets de longévité !
- Iktic-jetique - Comment créer la branche francophone ou néerlandophone d’une ASBL ?
- SAM, le réseau des Aidants - Comment lancer un site internet ?
- Eqla - Comment faire parrainer votre association par des célébrités ?
- Le Petit Vélo Jaune - Comment postuler et remporter un prix pour l'ASBL ?