Qu’est-ce qu’une transition énergétique ? Dans l’idée, c’est d’améliorer la structure, le bâtiment, pour qu’il soit moins consommateur d’énergie. Isolation, basse-consommation, production d’énergie verte, autosuffisance, etc, sont des bons exemples de moyens pour concrétiser la transition énergétique. Pour ce faire, rien de mieux qu’un exemple concret, d’où notre intérêt pour la Cité Joyeuse.
La « Cité Joyeuse » a été fondée en 1914 par, entre autres, le docteur Ovide Decroly. Suite à la guerre et son lots d’orphelins qu’elle a engendrés, l’ASBL s’est donnée comme mission de s’occuper des enfants. Avec le temps, ses tâches ont évolué et son cadre aussi. Aujourd’hui, la Cité Joyeuse compte plus de 300 employés et 15 bâtiments. Elle englobe trois ASBL : le centre Arnaud Fraiteur, l’école Nicolas Smelten, la crèche de la Cité Joyeuse. Elle possède des centres de jours, des résidences, une école adaptée aux enfants atteints de handicaps, etc.
Située à côté d’un parc classé au patrimoine bruxellois ainsi que certains de ses bâtiments, l’ASBL se doit de respecter de nombreuses normes.
La crise et la législation, les deux raisons de cette transition
Le régisseur de l’ASBL explique que cette transition a commencé suite à une disposition légale : « L’élément déclencheur qui nous a poussé à prendre la décision de démarrer notre transition énergétique, c’est l’audit énergétique que l’on devait légalement produire. Suite à cette audit, qui a pris en lui-même presque un an, nous avons entamé toute notre réflexion. »
Ce chemin réflexif et décisionnaire prend parfois du temps. Dans le cas de la Cité Joyeuse, les démarches ont commencé il y a une décennie : « La réflexion n'est pas récente. On a pris le temps de bien analyser le contexte, la situation, l'état de nos bâtiments », explique-t-il.
La crise énergétique a été un second déclencheur pour la Cité Joyeuse : « À l’époque, on avait réussi à négocier des bons contrats d’énergies grâce aux marchés publics. Vis-à-vis de ce que l’on consommait, on payait une facture très basse. Quand la crise est arrivée, les prix ont explosé, les projections estimaient qu’on allait passer de 15% du budget total alloué à la facture d’énergie, à frôler 70% de notre budget total. C’était juste pas possible », résume-t-il.
Plan méthodologique pour la rationalisation et l’utilisation de l’énergie
Il a fallu planifier. Pour cela, ils ont créé tout un programme : « On a appelé ça un plan méthodologique pour la rationalisation et l’utilisation de l’énergie où on avait créé plusieurs étapes. »
« Tout d’abord, le point de départ de ce fameux état des lieux (infrastructures, installations, les dates de construction, appareils). Il a fallu tout mettre sur papier, inventorier », résume-t-il, avant de continuer sur la nécessité d’objectiver et ce que ça implique : « Il fallait pouvoir mettre un chiffre sur la consommation de nos différents bâtiments, et donc installer un compteur par bâtiment, tout cela pour nous permettre de comparer notre consommation à la moyenne générale », explique-t-il.
Les premiers changements furent donc de petits détails pour se mettre aux normes légales suite à l’audit. Vint ensuite le moyen terme : « À cette époque-là, on commençait seulement à parler de la contrainte énergétique et écologique, on a donc commencé à travailler là-dessus, à faire des travaux ci et là en fonction des moyens financiers que l’on pouvait trouver. Car il y a dix ans, les primes n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. »
Quels sont les différentes aides disponibles ?
Pour soutenir sa transition, la Cité Joyeuse a pu compter sur différents financements : « On a pu, pour certains travaux, bénéficier de notre pouvoir subsidiant qu’est la Cocof, à raison de 60% de l’investissement nécessaire. Mais il faut encore trouver le reste. Parmi les autres primes, Rénolution a permis de financer nombre de ces travaux. »
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Il ajoute aussi l’importance de bien rester attentif aux nouveautés: « Je reste aussi très informé sur ce qui se passe à l’extérieur, les différentes offres, les changements légaux, les nouvelles primes, etc », souligne Yahya Hammou, avant d’expliquer l’importance qu’a joué Bruxeo dans les conseils à apporter : « Bruxeo a été fort présent pour nous aider, nous informer, faire leur propre audit, appelé « quickscans ». Ils ont aussi amené du soutien à travers nombreux séminaires », raconte-t-il.
« Cet ensemble nous a permis de rassembler toutes les informations nécessaires pour avancer tout en adaptant aussi nos projets face aux nouvelles possibilités offertes par les primes et labels », résume-t-il, avant d’expliquer une démarche mise en place grâce à toutes ces informations récoltées : « Suite à la crise énergétique, nous en avons profité pour sensibiliser un maximum. Nous avons mis en place un guide à l’attention de tous les travailleurs de la Cité Joyeuse. Ce guide rassemblait de nombreux conseils de consommation et de mesures, comme rester à 19°-20° maximum dans tous les bâtiments par exemple », se réjouit le régisseur de la Cité Joyeuse.
Pour plus d'informations, vous pouvez vous procurer ce guide, gentiment partagé par la Cité Joyeuse
La vision à long terme, indispensable à une bonne transition
Pour les projets plus lourds et à long terme, les « quickscans » et audits, pour Yahya Hammou, ont pris tous leurs sens : « Grâce à ces différentes analyses objectives, nous savions exactement où aller, dans quoi il fallait investir en premier, » analyse le régisseur de l’ASBL. Et d’enchaîner sur les différents travaux effectués : « Nous avons remplacé et isolé une toiture, installé de nombreux panneaux solaires. Car le but visé, c’est d’acquérir un maximum d’autonomie en terme d’énergie. Nous avons démarré un projet photovoltaïque qui couvre déjà 25% de nos consommations, mais ce n’est pas encore suffisant. Nous avons commencé un projet pour installer entre 700 ou 800 panneaux photovoltaïques supplémentaires. L’objectif est clair, augmenter l’autoconsommation. »
Une transition énergétique, ça peut aussi être avantageux
Produire de l’énergie verte, à travers des panneaux photovoltaïques par exemple, peut vous permettre de rentabiliser la pose de ces derniers, grâce aux Certificats Verts. C’est une sorte de prime que vous pouvez recevoir suite à une économie de CO2. Les fournisseurs d’électricité sont légalement obligés d’acheter un quota de Certificat Verts, vous garantissant un petit revenu.
De plus, il existe la possibilité du « tiers investisseur ». Le principe est d’avoir une installation gratuite de panneaux solaires en échange des certificats verts générés par leurs productions : « À Bruxelles, il existe des entreprises qui proposent d’installer des panneaux gratuitement. À la condition que les certificats verts leurs reviennent pendant dix ans. Après cette décennie écoulée, les panneaux nous appartiennent totalement. Sans les certificats verts car leur durée est de dix ans », annonce le responsable associatif.
Pour résumer, installer des panneaux photovoltaïques vous permet de vendre les Certificats Verts généré par l’économie de CO2. De plus, il existe des entreprises, qui en échange d’utiliser vos toitures durant dix ans et qui récupèrent les Certificats Verts, vous offrent les panneaux après dix ans.
Il est à noter qu’à la date du 07 mars, les calculs de valeurs des certificats sont en cours, bloquant ce principe d’installation gratuite.
Quels conseils pour les ASBL ?
Pour le régisseur, il y a certains conseils importants à mettre en avant : « Quand on n’a pas les ressources en internes, il ne faut ne pas hésiter à faire appel à l’extérieur. à Bruxeo par exemple. S’ouvrir à l’extérieur est véritablement primordial. La société évolue vite, internet permet de s’informer rapidement, n’hésitez pas à y recourir. » Il insiste sur l’importance de la finance : « Le principal problème, c’est le problème financier. Faites appel à votre pouvoir subsidiant, à Rénolution, le pack énergie, aux tiers investisseurs », souligne-t-il.
Il privilégie aussi le recours aux ressources internes : « Il y a maintenant de plus en plus de monde sensibles à la cause énergétique et écologique. Utilisez cette volonté comme vecteur de changement. Par exemple, désigner et former une personne responsable de l’économie énergétique. »
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Dernier conseil incontournable pour notre témoin : « Le strict minimum, c’est d’objectiver votre consommation. C’est ce qui vous permettra de savoir par où commencer, de planifier votre transition. »