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Ils et elles gèrent la communication d'une ASBL : témoignages

Pour qu’une ASBL roule, il faut que les rôles soient bien répartis. C’est pourquoi, MonASBL.be fait régulièrement le focus sur des postes-clés au sein des associations. Cette fois-ci, nous sommes partis à la rencontre de celles et ceux qui contribuent à la notoriété des ASBL : les chargé(e)s de communication.

Si on devait définir en un mot le métier de chargé(e) de communication dans une association, ce serait « touche-à-tout ». Et pour les quatre professionnel(le)s que nous avons interviewé(e)s, c’est justement cela qui fait l’intérêt de ce métier. Sans compter que pour y arriver, les ressources disponibles ne manquent pas.

Pour présenter cette fonction essentielle au sein des ASBL, MonASBL.be a demandé à quatre chargé(e)s de communication de présenter leur profession.

"Communication vers l’extérieur pour ramener du public et communication en interne afin de connecter les différents organes entre eux"

MonASBL.be : Quelles sont vos missions au quotidien ?

Jérémy Mercier, Inclusion ASBL : « Mon travail consiste beaucoup à porter les revendications et les attentes de nos membres. La communication s’articule autour de trois volets : la communication interne à destination de nos membres ; la communication vers le grand public ; et une communication entre les deux pour se faire connaitre auprès des familles qui sont concernées par le handicap et qui pourraient nous rejoindre. Cela passe par le mass mailing, les réseaux sociaux... ».

Stéphanie Jassogne, Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS) : « Nous nous occupons de la grosse campagne annuelle thématique qu’on déploie de A à Z. On communique autour de nos activités, nos publications...  On a également le magazine Femmes Plurielles pour lequel on va écrire des articles et on va le diffuser. Je m’occupe également du site internet avec un agenda de nos activités et de l’envoi de newsletters régulièrement. »

Sylvain Lohest, Empreintes ASBL : « Depuis que je suis arrivé en mars dernier j’essaie d’être au service de mes collègues pour communiquer sur leurs activités, leurs projets, etc. Ainsi qu’au service de l’image de l’association à travers le site internet mais aussi sur les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas seulement de soutenir la communication vers l’extérieur pour ramener du public mais aussi faire de la communication en interne afin de connecter les différents organes entre eux (l’organe d’administration, l’AG, les volontaires, les professionnels, ...) qui ne se connaissent pas forcément ».

Laura Douxfils, Centre Culturel de Dinant : « Je m’occupe de la promotion d’évènements mais également de communiquer sur ce qui touche à l’essence même du centre culturel, comme des informations d’ordre organisationnel ou politique. Par exemple sur tout ce qui s’est passé avec le Covid et la campagne « Still Standing ». Tout cela à destination du grand public et de la presse. On a différents supports. Pour le papier, je suis épaulée par une équipe de graphistes. Je vais m’occuper de la coordination de notre brochure annuelle et de la cohérence pour tout ce qui est affiches, flyers... Je vais également coordonner les tournées d’affichage dans les commerces et les alentours. Pour le digital, je m’occupe exclusivement de la page Facebook et du site internet. Enfin, je gère toutes les relations avec la presse : les communiqués, les interviews... tout passe par moi ».

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"Chaque réseau qui s’ajoute ce sont des heures de travail en plus, ça peut être hyper chronophage"

MonASBL : Quelle est la place du digital dans votre métier ?

Stéphanie Jassogne, Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS) : « Cela fait 13 ans que je suis au FPS et quand je suis arrivée, nous étions aux prémices de Facebook. Depuis, ça s’est beaucoup développé, on ne peut plus diffuser d’infos sans les réseaux sociaux ».

Jérémy Mercier, Inclusion ASBL : « Le digital a été un tournant. Je me souviens au début de mes études ça me faisait un peu rire des formations de Community manager puis je me suis rendu compte à quel point c’était important. La communication évolue très vite. On a constaté qu’on ne pouvait plus faire de l’associatif comme dans les années 80. Par exemple, avant on faisait beaucoup de publications dans les journaux classiques et aujourd’hui on ne le fait plus car le retour sur investissement n’était pas énorme. On met les ressources sur d’autres outils. Toutefois, notre public n’a pas toujours accès aux réseaux sociaux et à internet donc on a aussi tout un volet communication papier ».

Laura Douxfils, Centre culturel Dinant : « Nous sommes sur Facebook et nous réfléchissons à ouvrir un compte Instagram. En effet, on aimerait attirer davantage les jeunes avec une programmation plus jeune et donc se pose la question d’une communication plus jeune. On regarde également pour TikTok mais la question c’est quel contenu on peut apporter ? C’est un grand flou... On essaie de suivre l’évolution mais il faut faire des choix. La difficulté ce n’est pas d’ouvrir un compte mais c’est de savoir si ça vaut la peine parce qu’après il faut mettre du contenu. Chaque réseau qui s’ajoute ce sont des heures de travail en plus, ça peut être hyper chronophage ».

Sylvain Lohest, Empreintes ASBL : « Le mailing c’est ce qui fonctionne le mieux, sur les réseaux sociaux on n’arrive pas encore à avoir un impact. On est principalement sur Facebook et on n’est pas encore sur les réseaux sociaux plus jeunes, ainsi on communique plutôt aux responsables de jeunes mais pas aux jeunes directement. Il y a un petit décalage. »

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"Pour avoir plus de chances d’être publié par la presse, il faut avoir des contacts privilégiés"

MonASBL : Comment êtes-vous parvenu à vous créer un réseau avec la presse ?

Jérémy Mercier, Inclusion ASBL : « Quand je suis arrivé, je n’avais pas 15 ans de pratique et je n’avais pas de réseau. J’ai dû tester des trucs sur le terrain. J’ai commencé par envoyer des communiqués de presse à 150 journalistes mais j’ai compris que pour avoir plus de chances d’être publié il faut avoir des contacts privilégiés. Ainsi, quand j’appelle les journalistes ils savent qui je suis. Puis la couverture par un média entraîne d’autres médias. C’est difficile car parfois on a des infos qu’on estime être super intéressantes et pourtant on ne trouve pas d’écho donc il faut réfléchir à comment réussir à intéresser les journalistes ».

Laura Douxfils, Centre culturel Dinant : « On avait déjà une base de données de journalistes très étoffée mais avec des noms pas toujours pertinents et pas forcément à jour. J’ai créé ma propre base de données avec des journalistes concernés par l’actualité locale et culturelle. J’ai vu avec qui j’ai des contacts plus réguliers. Il y avait certains journalistes avec qui on avait des collaborations depuis un bon bout de temps, mais ensuite il faut se faire connaitre quand on arrive à un poste et pour cela, il faut faire du contenu de qualité ».

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"Il y a une forme de solitude du chargé de communication dans une association"

MonASBL.be : Quels obstacles rencontrez-vous ou avez-vous rencontrés ?

Sylvain Lohest, Empreintes ASBL : « Il y a une forme de solitude du chargé de communication dans une association. Je suis toujours au bureau derrière l’ordinateur alors que mes collègues sont sur le terrain, ce n’est pas le même rythme, les mêmes priorités. Je dois m’adapter et anticiper les rythmes des autres ».

Jérémy Mercier, Inclusion ASBL : « Je suis seul chargé de communication ce qui est un défi car c’est un métier où il y a beaucoup de choses à faire. Maintenant, je commence à déléguer. Je forme mes collègues à Mailchimp, au CMS... parce que sinon je ne m’en sors plus. Le reste de l’équipe est assez réceptif car ils veulent que leur produit soit mis en avant de la meilleure manière possible et la communication c’est la dernière étape dans la mise en avant des projets ».

Stéphanie Jassogne, Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS) : « On doit faire attention à notre façon de communiquer mais comme la plupart des communicants. Ça nous est arrivé d’être mal comprises, alors s’il y a un sujet touchy on va y réfléchir en équipe. Il y a des sujets comme l’IVG par exemple pour lesquels on va avoir des réactions d’extrémistes. Il faut faire attention de ne pas être dans la réaction spontanée, c’est le danger parfois. Toutefois, nos comptes sur les réseaux sociaux ne sont pas trop polémiques même si on n’hésite pas à s’engager. De toutes façons on a une charte, dès qu’il y a une injure on supprime ».

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La communication dans le non-marchand : un métier qui a du sens

MonASBL.be : Enfin, selon vous, quelle est la particularité de la com’ dans le non marchand ?

Jérémy Mercier, Inclusion ASBL : « En défendant les droits et la qualité de vie d’une tranche de la population qui n’est pas assez incluse, je fais de la communication qui a du sens. Je ne vends pas des saucisses, je diffuse des grands principes. Je pense que c’est le rêve de tout chargé de communication ».

Laura Douxfils, Centre culturel de Dinant : « Ce qui me plait énormément, c’est qu’on est dans des objectifs de qualité et pas de rentabilité. Pour les perfectionnistes, c’est un secteur où on se sent bien car on peut aller au bout des choses. C’est de la communication douce et pas agressive. On ne doit pas survendre mais on propose aux gens de venir se cultiver. La mission c’est de remplir la salle mais surtout de faire passer un message. Avant j’avais un emploi très marketing, et j’ai dû me débarrasser de cette peau de communicante ultra agressive qui ne me correspondait pas. Toutefois, mon expérience passée m’aide à ne pas avoir peur de temps en temps de frapper à des portes pour faire un bon coup de pub ».

Sylvain Lohest, Empreintes ASBL : « Dans l’associatif, le public n’a pas la même culture. En tant qu’association, le public s’attend qu’on soit au service, disponible et gratuit donc je ne peux pas avoir une communication agressive dont le but serait de vendre. Le souci de l’image est totalement différent. Il y a un enjeu à garder une image de convivialité, de proximité, de disponibilité... Cela va avoir un impact sur le choix des mots mais aussi sur la régularité avec laquelle on va chercher les gens. Une entreprise qui enverrait un mail toutes les semaines ça ne va pas nous déranger mais si c’est une association qui le fait ce n’est pas pareil ».

Stéphanie Jassogne, Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS) : « J’ai toujours voulu être dans le non marchand. J’ai envie de travailler dans quelque chose qui me parle, qui me motive au quotidien, qui m’intéresse, avec lequel je suis d’accord afin qu’il y ait une valeur ajoutée à mon travail. On est assez libre, on ne doit pas faire un chiffre d’affaires. On a la chance de ne pas être une toute petite ASBL donc on a un budget, même s’il n’est pas illimité, il y a aussi pas mal de débrouille mais avec tous les outils qu’il y a sur le web si on s’y intéresse on y arrive ».

Propos recueillis par Caroline Bordecq