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Business models pour financer son ASBL : conseils d’experte

Les business models innovants n’ont plus de secrets pour Céline Bouton, aujourd’hui COO de l’ASBL Be Impact et fondatrice de Solifin. Pour MonASBL.be, l'entrepreneuse a accepté de partager ses précieux conseils sur les sources de financement accessibles aux ASBL.

Avant de fonder l’ASBL Solifin, dont le but est de faire collaborer les acteurs de la finance éthique avec des entrepreneurs d’impact, Céline Bouton est passée – entre autres – par le monde du crowdfunding et de la microfinance. Aujourd’hui, elle est également à la tête de Be Impact, une plateforme de mise en avant de toutes les entreprises à impact de Belgique, qui fusionnera prochainement avec Solifin.

Les business models innovants n’ont donc plus de secrets pour Céline Bouton qui a accepté de livrer quelques pistes à MonASBL.be.

La microfinance

Pour l’entrepreneuse, la microfinance peut être une « première base » pour les ASBL. Dans la microfinance on retrouve notamment les microcrédits. Pour rappel, il s’agit d’un moyen de financement qui permet aux personnes et aux organismes exclus du système bancaire traditionnel de disposer d’une petite quantité d’argent rapidement et facilement.

Les prêts ne dépassent généralement pas 25.000 euros et « sur des périodes allant d’un an à trois ans », précise Céline Bouton. « Il faut apporter des garants ou des garanties. Et en général, c'est une implication personnelle et non de l'ASBL qui sera demandée », explique-t-elle.

Dans le cas d’un microcrédit, le taux d’intérêt est souvent plus élevé par rapport aux banques. Mais ce sont des « durées beaucoup plus courtes donc finalement cela se rééquilibre », analyse-t-elle.

En Belgique, plusieurs organisations proposent des microcrédits, notamment Crédal et à Microstart « qui ont la capacité de financer des associations », précise-t-elle.

À lire sur ce sujet : Microcrédit aux ASBL : rencontre avec les acteurs belges

Le crowdfunding

Le crowdfunding avec ou sans contrepartie

Avant de se lancer dans une campagne de crowdfunding, Céline Bouton conseille d’établir un benchmark. Concrètement, il s'agit de mener une étude comparative entre les plateformes. MonASBL.be en a déjà listé une vingtaine pouvant intéresser les ASBL.

« Je conseille plutôt de trouver une plateforme qui a déjà une belle communauté et qui met en avant certains projets », suggère l’entrepreneuse. En effet, selon elle, toutes les plateformes crowdfunding ne communiquent pas sur les projets qu’elles hébergent et ne donnent donc pas accès à leur communauté.

Aussi, elle suggère « de faire attention au temps passé sur la campagne et à la rémunération de la plateforme, qui oscille souvent entre 5 et 10% sur les dons ». D’autant qu’en cas d’un crowdfunding avec des récompenses, l’ASBL devra payer à la fois « les frais de la plateforme, mais aussi les récompenses à envoyer aux contributeur/trices », avertit-elle.

Selon Céline Bouton, des plateformes crowdfunding intéressantes sont Kickstarter, ou encore Growfunding.

Crowdfunding en investissement

Appelé aussi crowdlending, il s’agit d’une méthode de financement participatif par le prêt. Une solution « intéressante pour des associations qui ont des business models ne se basant pas uniquement sur des enveloppes de subsides mais qui ont aussi une partie de vente de services », assure Céline Bouton.

Elle-même a créé Lita.co, l’une des plateformes actives dans le secteur en Belgique, qui s’est déjà occupée de campagnes pour des associations. « En général, cela marche très bien parce qu’on sait que l'ASBL a de l'impact, qu'elle est financée en partie par des subsides mais qu’elle a également un business model lui permettant de pouvoir potentiellement rembourser une partie d'un crédit ou d'un prêt », explique-t-elle.

Autre intérêt, selon Céline Bouton, avec cette méthode, l’ASBL peut avoir recours à un prêt bullet. C’est-à-dire qu’elle ne devra pas « nécessairement rembourser dès le premier mois, mais au bout de deux mois ou un an. Ce qui laisse le temps de développer son projet ou d'acheter la machine ou le lieu nécessaire à sa réalisation », précise-t-elle.

Aujourd’hui, ce type de crowdfunding est encore relativement méconnu auprès des associations. « Ce n’est pas dans les mentalités », assure-t-elle. Et de continuer : « Le crowdfunding a un peu mauvaise presse parce qu’on pense qu’il faut faire sa campagne tout seul. Or ici, il y a des communautés déjà présentes. Lita.co est une plateforme dédiée à l'impact, donc les gens investissent ou prêtent dans des entreprises qui en ont ».

Better App : un outil de philanthropie innovant

Céline Bouton met ensuite en lumière l’application Better App. Chaque mois, cet outil suggère des associations à soutenir à des particuliers et des entreprises qui se sont engagés à donner. La sélection est faite en fonction des causes qu’ils souhaitent soutenir.

Financer du matériel ou de l’immatériel

L’entrepreneuse partage également des outils permettant de financer du matériel ou de l’immatériel nécessaire à l’ASBL. Par exemple, les Google Grants offrent jusqu’à 10.000$ par mois à dépenser sur les réseaux sociaux. « C'est plutôt pour de grosses associations », précise-t-elle.

Parallèlement, l’ASBL Goods to give propose des dons non alimentaires aux associations. « Ce sont des bureaux, des tables, des ordinateurs, etc. C’est une manière aussi de financer les immobilisations de l’ASBL », explique Céline Bouton.

Le sponsorship

Les ASBL peuvent également « se faire sponsoriser par une entreprise qui touche à la même thématique », suggère Céline Bouton. Par exemple : « Une ASBL active dans l'accès à l'eau peut se tourner vers la marque Spa », continue-t-elle. Dans le cadre du sponsoring, l’ASBL peut par exemple s’engager à donner de la visibilité à l’entreprise en échange d’une somme d’argent.

À lire sur ce sujet :

Social Impact Bonds

Céline Bouton évoque également le Social Impact Bonds. « On en parle beaucoup mais malheureusement en Belgique c’est encore trop peu utilisé », analyse-t-elle.

Le Social Impact Bond est un mécanisme financier impliquant aussi bien un pouvoir public, des investisseurs privés et un organisme social. Concrètement, un pouvoir public (une commune, une région, une province, l’Etat...) identifie une problématique et une organisation (une ASBL, par exemple) propose une solution qui sera financée par des investisseurs.

En Belgique, l’ASBL Be Code y a eu recours à deux reprises.

L'hybridation des modèles de financement

Dans le cadre de la recherche de financement, les ASBL peuvent décider de recourir à l’hybridation des modèles. C’est-à-dire créer une autre structure plus « capitalistique », parallèlement à l’association, et « réfléchir à un business model plus pérenne à travers la vente de services ou de produits », explique Céline Bouton.

Lire aussi : Quelles activités commerciales les ASBL peuvent exercer ?

L’entrepreneuse prend l’exemple des Petits Riens qui ont « huit ou neuf structures juridiques (des coopératives, des ASBL, des fondations, etc.). Le grand public connait les magasins mais tous les éventuels profits sont reversés pour la finalité sociale de l’ASBL, qui est de pouvoir loger des personnes dans la précarité », illustre-t-elle.

Les avantages

Selon Céline Bouton, avoir une double structure « permet d’avoir plusieurs piliers ». D’un côté, l’ASBL peut se consacrer à son travail social tout en cherchant des subsides et des dons, alors que l’autre structure peut « proposer des produits et services et se rapprocher d'instruments financiers et de potentielles solutions de financement plus classiques » à réinjecter dans l’association, explique-t-elle.

Le bon moment

Une telle stratégie peut être mise en place au moment de développer « un projet dans le projet. S’il y a besoin de financeurs avec des profils différents, à ce moment-là on peut réfléchir à monter une autre structure », suggère-t-elle.

Pour se faire accompagner dans une telle démarche, les ASBL peuvent se tourner vers Crédal, le 1819 à Bruxelles ou le 1890 en Wallonie.

Rester créatif

Enfin, les autres solutions pour financer les ASBL sont nombreuses. Cela peut être de la consultance sur un sujet sur lequel l’association a développé une expertise, ou encore « une ASBL qui travaille sur la liberté de la presse pourrait publier un recueil avec les meilleurs articles de l’année », donne comme exemple Céline Bouton.

Le tout étant « de ne pas fermer les portes et d’être créatif/ves en termes d'outils et de solutions de ressources financières ». Céline Bouton conseille ainsi de « voir ce qui se fait autour, se créer des outils de veille des innovations au sein d’autres associations, de s’inspirer des meilleures campagnes de levées de fonds et de regarder ce qui fonctionne ou pas », conclut-elle.