Forte d’une expérience de 25 ans en ressources humaines, Bénédicte de Neckere s’est reconvertie en accompagnements professionnels et humains. Sa spécialité : le rapport au travail. Elle accompagne et coache tant les travailleurs en souffrance que les entreprises désireuses d’offrir des espaces de communication bienveillants pour leurs collaborateurs. Elle nous offre de précieux conseils pour prévenir, anticiper et accompagner un travailleur en burn-out.
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1. Prévenir le burn-out : les premiers pas pour un dirigeant avisé
Le burn-out, c’est un peu comme une casserole d’eau qu’on oublie sur le feu. Ça commence à bouillonner, mais si on n’intervient pas à temps, ça déborde — et ça fait des dégâts.
Voici quelques bonnes pratiques à adopter en amont, pour éviter que la casserole ne déborde :
- Simplifier la communication : trop de canaux (mail, WhatsApp, Teams, …) fatiguent tout le monde. "Optez pour un canal unique, clair, collectif et accessible", recommande Bénédicte de Neckere.
- Former les responsables : il faut que les chefs d’équipe sachent ce qu’est réellement un burn out, ainsi que les conséquences tant physiques que psychologiques et neurologiques. De la sorte, ils seront plus enclins à le prévenir dès qu’ils en repèreront les signaux d’alarme (fatigue inhabituelle, irritabilité, repli, baisse de performance, cynisme).
- Cultiver l’écoute et la bienveillance : créez des espaces sécurisés où les équipes peuvent exprimer leurs difficultés sans crainte de jugement. Si la personne de confiance n’inspire pas confiance, proposez un partenariat avec un intervenant extérieur, qui peut également être une ASBL. "Je collabore notamment avec "l’ASBL Rebond, travail et santé", qui propose des accompagnements tant pour les travailleurs que pour les structures qui souhaitent soutenir leurs collaborateurs."
- Proposer de la flexibilité… avec des limites : télétravail, horaires aménagés, pauses régulières, mais aussi règles claires pour ne pas tomber dans le surmenage « 24/7 ».
- Adapter la charge de travail : dès les premiers signes, allégez les tâches ou réorganisez les priorités pour éviter l’escalade.
2. Gérer la période d’absence : accompagner sans oublier
Quand un collaborateur craque, ce n’est jamais simple, ni pour lui, ni pour l’équipe, ni pour le chef. Pourtant, gérer cette période est primordial pour éviter que la situation empire ou que la reprise soit un calvaire.
Quelques recommandations pour garder le cap :
- Rester en contact humain : un petit message, un coup de fil, une carte… sans être intrusif, montrez qu’on pense à la personne. "La communication est centrale : elle doit être bienveillante et sans détours. Il est bien plus sain et profitable de demander à la personne si elle souhaite / accepte qu’on prenne de ses nouvelles plutôt que de préjuger de sa préférence", note l'experte.
- Éviter l’isolement : maintenez le lien avec l’équipe, tout en respectant la confidentialité de la situation.
- Réorganiser l’équipe intelligemment : répartissez la charge sans surcharger un autre collègue, au risque de le faire craquer à son tour.
- Préparer le terrain pour un retour progressif : pensez dès le début à un aménagement qui évitera le choc du « 100% du jour au lendemain »
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3. Faciliter le retour au travail : reprendre pied en douceur
Le retour au travail après un burn-out est un moment particulièrement délicat, tant pour le travailleur que pour l’employeur et l’équipe. Beaucoup de craintes sont présentes dans le chef de toutes les parties et quantité de non-dits peuvent venir parasiter ces moments charnières.
Pour que le retour se passe bien :
- Impliquer la personne dans la préparation du retour : quelles sont ses capacités, ses besoins, ses craintes ?
- Organiser un accueil bienveillant : "Une réunion avec l’équipe, un café pour reprendre contact", conseille Bénédicte de Neckere.
- Aménager le temps et les tâches : reprendre à temps partiel, modifier les responsabilités, ajuster les tâches, pourquoi ne pas proposer que la personne vienne en soutien de ses collègues sur d’autres tâches.
- Faire des points réguliers : "Le but ? Ajuster, soutenir, réajuster si nécessaire", note-t-elle. Et de rajouter : "Divisez les objectifs en sous-objectifs, proposez des échéances claires, réalistes et tenables pour les deux parties, convenues de commun accord."
- Anticiper les échéances : "L'empressement et la surcharge de travail viennent d’une mauvaise anticipation des échéances et d’une mauvaise estimation du temps nécessaire à la réalisation des tâches, marge pour les imprévus comprise."
- S’assurer du suivi médical et psychosocial : soignez la collaboration avec le médecin du travail, les services sociaux, voire un coach.
Conclusion : le rôle clé du dirigeant
Le burn-out n’est pas une fatalité, mais un signal fort qu’il faut savoir entendre. Dans le secteur associatif, la valeur humaine est la pierre angulaire de son action. "En tant que dirigeant d’ASBL, il est crucial d’adopter une posture proactive, bienveillante et pragmatique, pour préserver la santé de vos équipes et la qualité de vos services." Après tout, ce n’est pas parce qu’on cultive la solidarité qu’on doit oublier de prendre soin de ses jardiniers.
Propos recueillis par MF, travailleuse sociale au sein d’une ASBL